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A L'index est avant toutes choses une revue dont le premier numéro est paru en 1999. Dans un premier temps, "prolongement papier" des Rencontres du "Livre à Dire (1997/2012), elle poursuit, aujourd'hui encore son chemin, se voulant avant tout un espace d'écrits. Au fil des numéros, elle a vu son format, sa couverture, se modifier. Pour se présenter aujourd'hui et depuis sa 20iéme livraison sous un format plus réduit (A5) et une couverture "fixe" avec comme identité visuelle la vignette créée pour la revue par l'ami Yves Barbier.
A L'index est avant toutes choses une revue dont le premier numéro est paru en 1999. Dans un premier temps, "prolongement papier" des Rencontres du "Livre à Dire (1997/2012), elle poursuit, aujourd'hui encore son chemin, se voulant avant tout un espace d'écrits. Au fil des numéros, elle a vu son format, sa couverture, se modifier. Pour se présenter aujourd'hui et depuis sa 20iéme livraison sous un format plus réduit (A5) et une couverture "fixe" avec comme identité visuelle la vignette créée pour la revue par l'ami Yves Barbier.
Les vingt premiers numéros ont été imprimés par l'Imprimerie Spéciale du Soleil Natal dirigée par le poète-éditeur Michel Héroult. La mort subite et prématurée de ce dernier, en septembre, 2012 a laissé la revue orpheline et désemparée. Le tirage du numéro 20 n'ayant été livré que pour moitié, il était impératif de trouver un nouvel imprimeur. La question se posa néanmoins de la cessation de parution.
Primitivement tournée presque exclusivement vers la poésie contemporaine, la revue s'est, au fil des livraisons, ouverte à la prose (nouvelles, textes courts, textes analytiques) Aujourd'hui un équilibre entre ces divers types d'écriture est recherché lors de l'élaboration de chaque numéro. Par ailleurs A L'Index travaille avec des dessinateurs et l'illustrateurs.
Si la revue se présente sous une forme le plus souvent anthologique, avec des rubriques récurrentes, elle consacre aussi à intervalles réguliers des numéros à un auteur qu'elle choisit. Ces numéros sont dits : "Empreintes". Depuis 2015 la revue publie également (hors abonnement) et au rythme d'un titre par an, des ouvrages de poésie en bilingue. La collection s'intitule : "Le Tire-langue". Y ont été publiés à ce jour le poète kosovar Ali Podrimja, le poète turc Özdemir Ince et la poétesse italienne Chiara de Luca, le poète espagnol Miguel Casado, la poétesse Franco-américaine Françoise Canter et le poète américain Robert Nash.
A côté de cette collection, d'autres existent : "Pour mémoire" où nous avons republié en partenariat avec les éditions Levée d'encre en 2015 "La légende du demi-siècle" d'André Laude et en 2016 "Le rêve effacé" récit de l'écrivain voyageur Jean-Claude Bourlès ainsi que les collections
"Les Cahiers" où, sous la direction de Jean-Marc Couvé, est paru un "Pour Soupault" en 2014.
"Les Nocturnes" où des poètes contemporains mêlent leurs voix (ouvrages écrits à quatre mains)"Les Plaquettes"qui comme son nom l'indique se présentera de petits ensembles de poèmes ou de proses à un prix modique : 10€ port compris. Avec l'espoir de donner envie de lire des auteurs contemporains.
Tous ces titres sont vendus hors abonnement.
Ce site est uniquement informatif, il a pour ambition de vous donner envie de découvrir notre travail
La revue A L'Index et les collections satellites, ne bénéficient d'aucune aide et se diffusent par abonnement ou achat au numéro, Notre seule publicité : le bouche à oreille des lecteurs et la fidélité de ceux qui nous connaissent et nous lisent.
prix public 17 € (port compris)
Abonnement 2 numéros 27 €
adresse:
Revue A L'INDEX
Jean-Claude TARDIF
11, rue de Stade
76133 Epouville
revue.alindex@free.fr
Louis
Bertholom
–
Jacques
Boise -
Bénédicte
Bonnet - Irina
Breitenstein - Olivier
Cheronnet - Michel Cossec - Fabien Drouais -
Mokhtar
El
Amraoui
-
Hervé
Delabarre
- Georges
Friedenkraft – Rodolphe
Houllé -Yannick
Ilito
-Véronique Joyaux
–
Yves Noël Labbé -
Christian
Lagrange - Jacques
Lallié
-
Michel
Lamart - Thierry
Lancien
- Frédéric
Massardier -
Sébastien
Minaux – Pierre Mironer - Luis Mizon -
Rebecca
Morrison -
Jacques
Nunes Teodoro –
Béatrice
Pailler –
Martin
Payette - Irena
A. Peirera Gouge
-
Gilles
Pépin - Guy
Pique
-
Marie-Claude San Juan
-
Gerhard
Spiller - Hélène
Tallon-Vanerian
-
Jean-Claude
Tardif - Claude Vancour - Béatrice Vergnaux – Isabel
Voisin
Traduction
de Joël Vincent
Table des Matières
Au
doigt & à l'oeil par
Jean-Claude
Tardif
Les
entrepôts de l'instant (
poèmes inédits) de Luis Mizon
Le
berceau des nuages (prose)
de Olivier Cheronnet
Fragments
d’un au-delà du pas
-extraits-
de
Yannick Ilito
Les
amoureux du calvaire (nouvelle)
de Yves Noël Labbé
Vie et mort
du voyant américain (poèmes)
de Martin Payette
Passé
le cercle des inuksuit
ou extrait d’un carnet de voyage vers le nord
(journal)
de Michel Cossec
Une
grand-mère qui s'en va &
autres poèmes de Frédéric Massardier
Les Spires (poèmes)
de
Guy Pique
Dans
les rues d’Ottawa &
autres poèmes
de
Louis Bertholom
Le
Ciel du Faubourg
ou
Le jeu du hasard sans amour –
étude -
de
Michel Lamart
La
dérive des continents (poèmes)
de
Jacques Nunez-Teodoro
Silence
(poèmes)
de
Véronique Joyaux
Un
poème inédit de
Rebecca Morrison
Le
Rêve de Chien Jaune (nouvelle)
- de
Jacques Lallié
Ombries
(extraits)
de
Sébastien Minaux
Pantouns
liés pour protéger la nature
& autres poèmes
de
Georges Friedenkraf
L’accent &
autre poème de Béatrice Vergnaux
Messi
or not Messie de
Hervé Delabarre
Carré
– extraits – (poèmes en prose) de
Jacques Boise
JEU
DE PAUMES
-
Petite anthologie portative -
Bérénice
Bonnet - Irina
Breitenstein
-
Fabien
Drouet -
Mokhtar
El Amraoui -
Rodolphe
Houllé
–
Christian Lagrange - Irena
A. Peirera Gouge - Gilles
Pépin - Hélène Tallon-Vanerian - Claude Vancour
Haikai
de
Gerhard
Spiller - traduits
de l'allemand par Joël Vincent
Litanie
pour juillet plusieurs fois, plusieurs fois tous les temps… suivi
de
Noir sur noir, soleil
de
Marie-Claude San Juan
Consolament
(poème)
de Béatrice Pailler
Le
palais des rois de Majorque suivi
de
"Madame de Lazerme ou Notre-Dame des désemparés" de
Pierre Mironer
Il
faut tenter de se placer &
autres poèmes de
Thierry Lancien
Estaciones de los
Muertos/Stations des Morts
Fragmentos/Extraits
- coplas peu orthodoxes –
par
Isabel
Voisin
Publication. Le dernier numéro de la revue À L'Index est paru. J'ai le plaisir d'y partager un espace (une dizaine de pages pour deux amples poèmes) avec d'autres auteurs (certains que je retrouve, certains que je découvre: les noms sont sur la couverture. ordre alphabétique...). Toujours à relire, en quatrième de couverture, le beau texte de Jean-Pierre Chérès sur la poésie, comme un manifeste adopté par tous. La poésie comme don "corps et esprit à la présence du monde". Et comme éthique de présence à l'autre. "Être là". L'introduction de l'éditeur Jean-Claude Tardif continue sa réflexion sur ce métier de passeur de textes, son exigence. Ce qu'est pour lui la poésie et ce qu'elle n'est pas (sauf pour certains esprits piégés par leur ambition de paraître, pour se dire "poètes"). Étrangement j'ai retrouvé là, dans sa méditation, une de mes lassitudes du moment, causée par Facebook, où tant de poèmes sont publiés trop vite, je trouve, sans avoir vécu l'épreuve du tiroir (ces jets du jour...), sans être portés par une nécessité vraiment forte, une haute exigence. (Même si, heureusement, on a l'occasion d'intenses joies de lecture). Dans ce numéro on lit des textes en français, anglais, espagnol... La traduction est toujours présente dans cette revue. On a lu des auteurs turcs, par exemple, et d'autres pays et langues, suivant les publications. J'ai lu tous les textes, cette fois encore, et j'y reviendrai plus tard, en complétant ma note...
03/05/2019
1. À L'INDEX N°37. FAIRE REVUE (JEAN-CLAUDE TARDIF). DONC OFFRIR LA POÉSIE "À LA PRÉSENCE DU MONDE" (JEAN-PIERRE CHÉRÈS).
"Pour moi le poète n'est qu'un instant, une fugacité, un mot égaré qui nous grandit, nous fait advenir. La seconde d'après il redevient vulgum pecus, factotum, quidam et citoyen ; homme ordinaire dans une vie qui l'est tout autant. C'est cet instant, ce souffle court qui le travaille, le taraude et le projette brièvement ailleurs qui le fait et le gardera poète."
Jean-Claude Tardif, "Au doigt et à l'oeil" (avant-propos)
Je pose enfin la recension de ce numéro de la revue A L’Index, qui m’est particulièrement chère. Pourquoi ce décalage de temps (le numéro suivant vient de sortir) ? Je sais et ne sais pas. Des tas de travaux en retard, dont certains demandent beaucoup de silence, de temps de regard intérieur (dont intense réflexion sur l’art photographique : mon art poético-photographique, pour un projet en chantier). Et il y a, dans l’écriture, des moments de maturation où il faut accepter de ne rien faire.
Mais, réflexion faite, et après relecture des textes et poèmes que je préfère, je crois y être entrée autrement, plus que je n’aurais pu le faire avant. Lire et oublier, même soi (sa propre écriture...), puis relire, c’est toujours autrement, et plus.
J’occupe une dizaine de pages dans ce numéro, avec deux amples poèmes, dont je noterai les titres et des bribes, à la fin de ma recension en trois notes. (Lien avec cette revue, et son esprit, depuis 2013, moment où je fus invitée à partager ce "lieu" d’écriture, avec d’autres qui le fréquentaient depuis longtemps. De ces rencontres heureuses, qui comptent...).
Ici, comme toujours, l’introduction de l’éditeur (et écrivain) Jean-Claude Tardif. Et, comme à chaque fois que je lis son avant-propos, je pense que regrouper toutes ces pages ferait un passionnant livre sur la poésie, sur les questions que se pose qui écrit et publie.
Il dit une triple réalité. Et le lisant, le relisant, j’en profite pour réfléchir encore à ce qu’est écrire. C’est cela que les textes provoquent : penser à partir d’eux.
Il exprime une lassitude, d’abord, sans doute celle de celui qui est sollicité par l’envoi de textes qu’il peut ne pas aimer. Lassitude qui fait écho à la mienne (autre, car autre vécu) devant la multitude de poèmes que donnent à lire, sur divers réseaux sociaux ou blogs, leurs auteurs. Textes majoritairement décevants par leur médiocrité, mais souvent adulés par des lecteurs rapides (montrant qu’ils aiment pour être aimés aussi ?). Phrases jetées dans l’écriture du jour, loin du silence et de l’épreuve du tiroir. Trop de textes (pourquoi tant quand l’oeuvre de très grands tient parfois en trois ou quatre livres essentiels?). Et ce qui est regrettable c’est aussi que des diamants sont perdus dans la masse. Mais eux viennent, ces diamants, sauf exception, de publications annoncées, citations pour dire un recueil, passé, lui, par le temps du tiroir et le comité de lecture, ou le regard d’un éditeur. On ne peut lire des masses de pages (ou il faudrait choisir de sacrifier les livres). Et que devient le regard sur le monde, cette présence au monde chère à l’équipe de la revue À L’Index ? Et voilà que relire le questionnement de Jean-Claude Tardif (présent ici, sur ce blog, par une recension de livre, en plus de celles de la revue, et présent bientôt par d’autres lectures en attente - car écriture qui compte), voilà que cela me ramène à des questionnements et à des paradoxes. Car si d’autres montrent trop je suis (peut-être) dans un excès contraire. Et de ces réseaux sociaux en partie problématiques (ou de ces blogs) j’ai reçu aussi l’émerveillement de très belles découvertes : écritures authentiques, lumineuses, dont on sent l’exigence méditée (même si c'est peut-être un texte écrit l'instant d'avant).
Jean-Claude tardif, dans ce qu’il dit de cette sorte de lassitude, parle de "moulins infatués" (ceux qui sollicitent, sans doute, ou ont d’eux une opinion qui ne laisse pas de place au doute). Je pensais, juste avant de relire, à la question du mirage de l’ego. Et pour avoir animé, pendant des années, des ateliers d’écriture, je sais que de très belles pages peuvent sortir des mains de collégiens ou d’étudiants, qui ne prétendent pas pour autant être des "poètes", des "auteurs". Et sachant cela, l’ayant vu si souvent, j’ai toujours pensé qu’il fallait, pour faire "oeuvre", un au-delà de ces démarches, un long cheminement qui justifie que ce soit... "plus". Au risque que rien ne soit, à force de retrait. Car c’est aussi devenir, soi, ce "plus".
L’autre réalité dont parle l’éditeur, dans son texte préliminaire, c’est la joie. Des découvertes, rencontres d’écritures auxquelles il trouve de la force de sens. Des retrouvailles, voix qu’il connaissait, et qui reviennent offrir des textes qu’il aime.
Et enfin, c’est le questionnement. La revue pourra-t-elle se maintenir ? Les abonnés seront-ils fidèles ? Inquiétude permanente de tous les éditeurs de revues. Même si celle-ci a de très nombreuses années de vie, beaucoup de noms passés par là, des centaines et des centaines de pages produites, et qui resteront. Ce doute est plus que justifié, quand on sait qu’en 1984 il existait 548 revues littéraires, et qu’en 2012 il n’y en avait plus qu’une centaine (enquête de l'éditeur Jean-Michel Place, rappelée par Le Magazine littéraire de février 2012 - et nous sommes en 2019…). Or sans revues la poésie ne peut exister. C'est le laboratoire des éditions (et des auteurs). Ce sont des lettres envoyées, comme bouteilles à la mer, aux lecteurs (poètes ou pas).
Ces trois réalités inscrites, cela l’entraîne vers sa réflexion permanente (qui est autant celle de celui qui publie les autres que de celui qui écrit et est publié par d’autres…). Car, au bout du compte, qu’est-ce donc que la poésie ? Tant de livres existent qui tentent de définir cet art, et tant de questions demeurent. Il dit ne pas pouvoir, finalement, le dire (il l’a fait pourtant dans bien des pages, en questionnement renouvelé). Mais il ajoute qu’il sait ce que la poésie n’est pas. Car si elle est "un souffle", "un instant", c’est qu’elle est l’exceptionnel moment où faire advenir la densité vraie du poème "projette ailleurs". Ce qu’elle n’est pas, donc, c’est cette écriture sans le souffle, sans ce miracle de l’instant. Et il cite Henri Pichette : "La poésie est une salve contre l’habitude". Salve. Force qui habite soudain l'être, et transfigure. Mais aussi violence contre soi, pour se défaire des facilités médiocres. Se désapprendre. La poésie ne serait pas ce qui nous laisserait glisser dans les pas de nous-mêmes, du nous d’hier qu’on n’interrogerait pas.
En quatrième de couverture, toujours, le paragraphe de Jean-Pierre Chérès (et tant mieux, car c’est excellent, comme un manifeste, une charte, que je relis à chaque nouveau numéro). Le rappel du rapport au présent. Et la notion de don "corps et esprit à la présence du monde". La poésie ? C’est "ouvrir en permanence ses antennes sensibles à l’univers". Présence au réel et à autrui, c’est l’éthique de la revue.
Je relis, pour cette recension, ce que j’ai déjà lu et relu. Mon parcours est intuitif, selon mes préférences (subjectives), donc non exhaustif.
Parcours, note suivante...
MC San Juan
04/05/2019
2. À L’INDEX N°37. PARCOURIR DES PAGES. DONC LIRE DANS LE MIROIR DES AUTRES...
Dans cette note, une lecture non exhaustive de textes (poèmes principalement). Préférences, donc sélection. Ce que j’y lis, relis. Citations.
Le miroir des autres, bien sûr. Car on aime ce qui fait écho, même quand cela diffère de soi. Et dans les phrases des autres on se regarde aussi, intérieurement. Les auteurs tendent un miroir de l’universel humain et on emprunte le Je qui n’est pas Je…
PARCOURS et CITATIONS...
Luis Mizon offre une dizaine de pages, poèmes, numérotés, qui font partie d’un ensemble, "Les entrepôts de l’instant". Il dit, justement, des instants, "libellules éphémères", trace "le filament caché" de ce qui fait ses "paroles". C’est visuel, coloré, ancré et incarné. Il transmet son "incandescence intérieure" :
"sur les vitraux multicolores
je reconnais mon itinéraire inachevé
la quête de mon âme
et de l’amour des autres
les échos de mon conte
sont aussi des images en quête de paroles"
..................
Yannick Ilito, dans "Fragments d’un au-delà du pas" (extraits), parle de la beauté, du corps, de l’âme, de la créativité, de l’exigence : "pouvoir surmonter les cimes". Il parle, c’est ainsi que je le comprends, de ce qui fait naître à soi-même, dit travailler à être "plus qu’une existence / une vie". Pour en donner une traduction il utilise le mot des Japonais : "Ikigai, trouver sa raison d’être".
...........................
Pour Michel Cossec, le poème est précédé d’un long extrait d'un "carnet de voyage vers le nord", l’Arctique, vers le monde des Inuits, et de Paulussi Kuniliusee, chaman et sculpteur autant que pêcheur-chasseur. En exergue il inscrit une pensée de cet homme, qui met dans le mot "Art" le tout de la vie, "exprimer la vie" (en dansant, criant, et même pêchant, pour se nourrir).L’auteur transmet ce que les Inuits, et Paulussi, ont à nous dire sur le rapport à la nature, la planète, les animaux. Eux qui sont "encore détenteurs d’une sagesse que la certitude de notre universalité nous a fait perdre".
"Sur le toit du monde
source
seule s’écoule la glace
prémices sans les hommes, sententia.
Ici s’ébauche le chant du monde."
..........................
De Michel Lamart on lit une intéressante communication (faite lors d’une Journée d’études), sur lecture, écriture, et hasard. C’est un texte dense, qui rejoint la démarche philosophique de la vraie recherche littéraire, poussée plus loin que les questions de style et genre. Mais au-delà de la littérature c’est ici une réflexion sur le déterminisme de nos vies et les effets du hasard. En s’appuyant sur une lecture comparée de Dhôtel et Paulhan, dont il dit que ce qui les rapproche c’est Rimbaud. Cette lecture m’a donné envie de lire "La littérature et le hasard" d’André Dhôtel. Et me fait revenir à un sujet qui m’intéresse particulièrement. Tant en relation avec la création artistique (notamment photographique) que pour penser les faits de nos vies.
Mais, concernant l’art, la référence essentielle est, pour moi, un texte d’August Strindberg, "Du hasard dans la production artistique" (éd. L’Échoppe). Et j’y associe deux passionnants ouvrages scientifiques (collection Sciences, Points/Seuil) : "Le hasard aujourd’hui", collectif, et "Le Calcul, l’Imprévu/ Les figures du temps de Kepler à Thom", du mathématicien Ivar Ekeland. Évidemment je relie aussi ces questionnements de Michel Lamart à ces lectures qui sont miennes et anciennes, et à celles, diverses, faites autour de trois notes récentes sur les synchronicités (récentes mais auxquelles je pensais depuis longtemps, deux ou trois ans…). Avoir relu son texte me rappelle que je dois aller aussi vers le livre de Dhôtel, et le lire en ayant sous les yeux, peu loin, Strindberg et les volumes que je viens de citer. L'analyse très littéraire de Michel Lamartrelance un fil où poésie, philosophie, et science, se rejoignent...
.................................
Jacques Nuñez-Teodoro, rêve, dans ses poèmes (extraits de "La dérive des continents"), de lunes et de routes, d’aurores sans malheur, de miroirs de vérité. J’aurais envie de recopier beaucoup de passages, mais il faut choisir. Je sens dans ces textes une résistance au désespoir que peut causer le regard sur les ombres de la vie et des vies. Volonté de ne pas basculer dans le pessimisme, mais de rester sur le fil de la lucidité, qui frôle pourtant cette douleur.
"Éviter la route noire
Voie sans issue
Personne n’en est jamais revenu"
(…)
"La vie suppure des fleurs piétinées
et pleurer évoque des vases renversés"
(…)
"Personne jamais n’atteint l’aubier de la vie
À peine croit-on la sève dans nos veines
pour accomplir le miracle du miroir"
.
J'ajoute ici une réflexion hors sujet, mais pas vraiment. J’ai respecté évidemment le tilde sur le n du nom, Nuñez.
Mais je n’ai pu m’empêcher de penser à quelque chose qui m’énerve particulièrement. Il semblerait qu’on ait enlevé le tilde du nom de Laurent Nuñez, récemment, dans des publications officielles, suite à la polémique autour du tilde d’un prénom breton. Parce que le tilde ne serait pas admis en français. Sauf qu’un nom de famille d’origine espagnole restera d’origine espagnole, et qu’un nom espagnol n’est pas un prénom breton. Et qu’est-ce que cette bêtise, ce refus d’un signe du pays voisin ? Laurent Nuñez devrait refuser cette atteinte à son identité, à ses racines, et à la prononciation correcte. Un nom est un nom. (Même si la graphie française de mon nom a fait sauter un accent sur les papiers officiels…).
...................................................................................
Pages bilingues, pour un poème inédit de Rebecca Morrison, anglais-français. Mystérieux texte, dont il me semble qu’il faut deviner plusieurs couches de sens. Un peu d’humour, avec sa boussole tendue pour être sûre de retrouver un chemin vers plus que le nord, vers soi peut-être, vers l’autre, ou vers ce colibri qui vient dans ses fleurs, elle dont l’univers est un jardin. Poème qui me fait penser à Colette, ou à la mère de Colette, femmes terriennes, aux présences fortes, dans la couleur du vivant. C’est léger en apparence, et profond. Car "dans la brume", douce, il n’y a pas que l’oiseau, il y a celle qui écrit. Et qui aime la présence de l’oiseau et des couleurs :
"yellow, scarlet, pink, white" / "jaune, écarlate, rose, blanc"
"He pierces the open mouths
of my four o’clock flowers —"
"Il pénètre les bouches ouvertes
de mes fleurs belles-de-nuit — "
...................................
Je relis Véronique Joyaux.
"car tout est vivant
dans l’immensité du rien."
.
"Ne ferme pas les yeux
Ce matin le monde est là tranquille
Un arbre seul au milieu de la terre ne suffit pas."
(…)
"J’entre dans le silence avec douceur
Toute chose autour de moi s’embellit
C’est un jour de longue trame."
.......................
Hervé Delabarre nous raconte, lui, une histoire venue d’un rêve (sans doute très transformé par l’imagination au réveil, le fil du rêve tiré…). Avec des faits extravagants, un chat qui parle, une atmosphère particulière. (Et d’ailleurs l’adresse censée être celle de l’immeuble du récit est ceci : 3 rue de l’Équivoque…). Un univers de littérature fantastique, qui ne manque pas d’humour.
.....................
Jacques Boise déroule, sous le titre "Carré", des poèmes en prose. Ce sont des tableaux. Le carré est un espace réel, de terre et d'eau, mais il est aussi l’espace des textes. L’aube, et la nuit. La pluie "d’orage", le silence, ou "la trille d’un oiseau". Couleurs, lumière, parfums.
...................
Fabien Drouet commence à d’abord se rappeler qu’il n’est pas mort, puis à penser au temps "qui n’existe que pour les vivants", pluriel, éclaté en "parallèles". Dans le poème qui suit, où Michaux sert de repère, ou de destinataire non su, il dit une parole qui va sans savoir vers qui. Son "J’appelle" est répété, anaphore pour "un dehors", "ce qui m’appelle", "au dedans / celui qui parle"…
"J’appelle au fond.
Le secours sans y croire d’un regard aux issues."
(…)
"J’appelle sans
Destinataire,
Dans l’odeur de Michaux,
De Juarroz et de Pessoa."
........................
Irina Breitenstein dit la conscience de quelque chose qui advient en elle d’un savoir de la poésie, de ce que la poésie est vraiment, dans l’exigence, et au-delà même d’être seulement la poésie (car éthique de vie). (L’absence de majuscules est son choix).
"apprends à être avec ta solitude. le poème est une solitude
ouverte"
(…)
"j’écris pour ouvrir les lèvres, j’écris pour ouvrir les mains, j’écris pour ouvrir les vers
pour être
plus que ce corps qui respire."
.
Il y a aussi des haïkus bilingues (allemand-français), de Gerhard Spiller. (Toujours la présence des langues : on a lu des poètes turcs et de diverses langues, dans d’autres numéros…).
........................................
L’univers de Thierry Lancien est celui de pierres, d’une île, de la mer, et du bleu : "ce bleu qui invente un autre bleu".
"Il y a aussi le calme des pierres
le grand calme sorti de la nuit.
L’énigme des pierres,
l'énigme"
...................................................................................
Mais avec les poèmes d’Isabel Voisin, je reviens à l’espagnol.
Sombre sujet.
"Estaciones de los Muertos / Stations des Morts"
En exergue, Gabriel Sandoval.
Puis ses "coplas peu orthodoxes" (c’est son sous-titre).
"Enterrada viva me como
la tierra del cementerio
en el suelo olvidada’
.
"Vivante enterrée je mange
la terre du cimetière
sur le sol oubliée"
"la muerta me mira" / "la morte me regarde"
.
Sin raíces todo
se tambalea
y la tierra
se descompone
Sans racines tout
chancelle
et la terre
se décompose
.
Vois-tu Lucia
c’est maintenant mon tour de compter
pero José María
no bailaba
.
Questionnement sur le rapport avec la mort en soi de la mort de l’autre.
et pourtant la recherche de ce qui vit..
Ainsi elle "attrape"
"una transparencia un destello"... "une transparence une lueur"
(…)
"a veces / un canto de pájaro"… "parfois / un chant d’oiseau"
Méditation, ici, sur ce qui fait qu’on s’ancre à la terre malgré ce que la mort peut attirer de nous, parce qu’il y a en nous aussi l’attrait pour la lumière du vivant, des choses simples, comme le passage d’un oiseau. Et, c’est essentiel, aussi, chez Isabel Voisin, méditation sur l’enracinement dans nos langues, quand on pense dans un monde intérieur bilingue, même si on perd un peu ce bilinguisme, parfois. Cela nourrit sa conception de l’écriture, où elle fait se croiser l’espagnol et le français.
Dans le "puits infini du miroir" … "pozo infinito del espejo", elle regarde un visage, des racines, des mots entrelacés, et la question de l’identité.
MC San Juan
..........................................................................
Note suivante, le frontispice (vignette d'Yves Barbier), et regard sur mes textes, réflexion sur l'écriture...
3. À L’INDEX N°37. SE RELIRE, NOIR SUR NOIR, SOLEIL... DONC RETOURNER SUR LES TRACES DE SOI ET DE PLUS QUE SOI…
Tout ce que nos yeux ont vu et que l’esprit ne parvient pas à comprendre.
Margherita Guidacci
Nous qui doutons à une encablure de nous-mêmes
Ermites ultimes ou migrateurs du sang.
Jamel-Eddine Bencheikh
J’ai autre chose à dire avant d’en arriver à la relecture de moi-même, et à me citer. Exercice un peu difficile, parce qu’il faut mettre au dehors des textes du dedans, même s’ils parlent du hors soi tout autant, et alors, pourtant, qu’ils sont déjà dehors, puisque sur les pages d’une revue… (Relire… Si relecture on peut dire, plutôt peut-être détour en marge, un peu à la façon d’Amin Maalouf pour la mer, dont il dit aimer rester sur le rivage, marcher au bord plutôt qu’affronter les flots et le grand large. Le grand large de soi, de ce qu’on écrit, c’est écrit, ce qui dut être affronté des mémoires et des rêves, de l’écriture en train d’advenir, c’est fait, c’est là.)
Je veux revenir sur le frontispice de la revue, que j’avais déjà commenté il y a longtemps (mais je ne sais plus ce que je disais, ancienne note). Cette vignette créée par Yves Barbier est une absolue réussite, car elle donne matière à interprétation et vaut manifeste. Dans un rectangle, qui peut figurer une page, une silhouette androgyne pousse une spirale, ou la suit en courant, à moins qu’elle ne lui résiste, reculant. J’y vois le poète qui trace ses signes, en alphabet archaïque, originel, et qui les déchiffre (ou déchiffre en lui ce qui émerge de lettres et de mots). Signe spirale ou Terre, pour le poète qui garde le lien avec le monde, cette planète ronde et son feu central, et nous dans ce circulaire cosmos des galaxies, dont Hubert Reeves dit que nous sommes "poussières d’étoiles". La main touche la surface. La silhouette danse un peu, le cercle est peut-être aussi un cerceau, celui du jeu, pour garder l’esprit d’enfance et faire de la poésie une divinité intérieure "qui saurait danser" (Friedrich Nietzsche…). Ou c’est un fil lancé comme un lasso pour attraper mots et sens, ou s’attraper soi-même, et faire naître la possibilité d’accepter cette "salve" dont parle Henri Pichette cité par Jean-Claude Tardif. Je vois aussi une surimpression de O, cercle symbole de ce qui fait chercher et créer un centre (de soi, d’un texte, d’une oeuvre visuelle)... Mais j’y ai vu aussi l’immense et lourde pierre que Sisyphe pousse jusqu’au sommet qu’il doit atteindre, et inlassablement recommence encore à gravir, encore et encore. Car si l’élan est là, qui fait créer, si la page est tracée, encore faut-il qu’elle sorte du rectangle. Et si la "présence au monde" (Jean-Pierre Chérès) fait s’impliquer celui qui écrit (celle), celui qui se sait "embarqué" (Albert Camus), il peut désespérer devant son impuissance. Désespoir, quand l’obscurantisme et la violence règnent, qu'on sent que ce qui ressemble au fascisme guette, et que cela menace toute possibilité d’entrer dans le silence de l’intériorité. On tend d’aller vers le sommet de soi-même, et tout bouscule et ramène aux réalités triviales. Redescendre, reprendre l’ascension.
Il y a des phrases d'Albert Camus qui m’aident à faire la paix avec ce questionnement tellement mien, intime. J’y reconnais ce grand écart intérieur, que j’ai toujours choisi de garder, mais qui m’a fait choisir longtemps d’être surtout celle qui est "embarquée" plutôt que celle qui prend le temps de montrer l’autre part créatrice. C’est le temps qui déchire. Camus, d’abord, cite Emerson : "Tout mur est une porte" (merveilleuse formule). Et il commente ainsi : "Ne cherchons pas la porte, et l’issue, ailleurs que dans le mur contre lequel nous vivons. Cherchons au contraire le répit où il se trouve, je veux dire au milieu de la bataille. Car selon moi il s’y trouve." (Discours de Suède, 1957). Ailleurs il cite Pascal, en exergue des Lettres à un ami allemand : "On ne montre pas sa grandeur pour être à une extrémité, mais bien en touchant les deux à la fois." (Et tout le livre illustre cette vérité éthique). Cela rejoint d’ailleurs ce que dit Jean-Claude Tardif sur ce qui est vécu en dehors des "salves" de la création : l’ordinaire des vies et des engagements.
Donc. Retour à mes poèmes du numéro 37. Ils font aussi ce grand écart d’une "extrémité" à l’autre "en touchant les deux à la fois" (merci, Pascal). Comme je le fais pour tout ce que j’écris et choisis de vivre. Ils sont en prose, le deuxième alternant fragments en prose et vers isolés, le premier n’ayant que peu de vers seuls, à la fin.
J’ai cinq sortes d’écriture, différences formelles mais unité intérieure.
… Celle du blog, ou des posts, prose qui commente ou lutte. (Et j’y tiens). C’est un outil d’implication, d’une part, de méditation, d’autre part (notamment avec les recensions, réflexion intense), quand la pétitionnaire ‘embarquée’ s’arrête. C’est un exercice d’écriture, une mise en état d’écriture, donc de l’écriture, tout simplement. (Je la retrouve dans ce que j’ai donné à la revue Mémoire plurielle, par exemple).
… Celle des poèmes en prose, pour tout un ensemble (comme les textes dans les numéros d’À L’Index). Pour le souffle, le mouvement qui va (et une parole d’émotion qui a besoin du "large").
… Celle des poèmes en vers libres (comme ceux parus dans Les Cahiers du Sens). Une écriture plus ciselée, qui travaille sur le silence.
… Celle des fragments poétiques (comme les "36 choses à faire avant de mourir" édités par pré#carrré). Choix du minimal, des miniatures. Celle-ci étant aussi l’écriture des aphorismes (eux sont dans la longue épreuve du tiroir, c’est-à-dire sur un fichier sauvegardé, tiroir actuel).
… Celle de la photographe, que je suis aussi. Écrire sur ce qu’est, pour moi, photographier est aussi important, pour l’acte de photographier, que le temps du regard. Il y a interférence. Je l’ai fait pour un dossier sur une série de feuillages d’ombres (dans la revue Babel heureuse : "Peindre sans peindre, et soi dans l’ombre et les ombres..."), et je suis en train d'achever de le faire pour un projet en chantier. C’est mon "art poético-photographique".
Donc, ici, numéro 37, deux textes. Et des exergues. Sans doute trop d’exergues. Mais j’aime ces croisements avec les écritures des autres qui comptent, et dont les citations font manifeste esthétique et éthique. Je n’en ai gardé ici que deux, au début de cette note.
J’ai ajouté une dédicace au premier poème. Pour, à partir de mémoires anciennes, réactiver les faits passés dans l’écoute des drames du présent.
Un paragraphe où j’évoque les prisonniers, les torturés, les "plaies du monde", les noirceurs de notre humanité.
Car comment pourrais-je écrire sur quoi que ce soit en oubliant que le très jeune Ali Al Nimr peut être exécuté d’un jour à l’autre en Arabie saoudite, lui qui attend dans le couloir de la mort pour avoir manifesté un jour avec un rêve de démocratie ? Quand je sais que le poète palestinien Ashraf Fayad (qu’on a sauvé de l’exécution par nos actions) y est toujours prisonnier, condamné pour des poèmes ? Quand je sais qu’au Yémen des gens meurent de faim, quand ils ne meurent pas sous les bombes ? Sans parler des Rohingyas persécutés en Birmanie, des Ouïghours musulmans opprimés en Chine, des chrétiens et des juifs tués (parce que chrétiens et parce que juifs). Non, d’abord faire comme Anna Akhmatovaaffirme le pouvoir. DIRE. Parce que les mots le peuvent. Et trouver la porte dans le mur. C’est ce que j’ai voulu inscrire dans ces poèmes, même si les bribes citées là en rendent difficilement compte. J’ai tenu à faire cela, et le reste : les deux bouts des fils.
Mais l’autre extrémité du fil tiré en moi, c’est, presque, un univers étranger à mon regard sur les douleurs du réel de tous. C’est la parole de la méditante qui lit les mystiques et les philosophes de la haute conscience (avec ou sans dieux), et réussit parfois à s’abstraire du bruit du monde. Celle qui contemple le beau, et écoute le chant des sages. Celle qui pourrait être un ermite heureux.
Dans ces mêmes poèmes cela passe aussi, par bribes, par évocations glissées. Et dans certains autres, encore plus, avec la joie d’être, de sentir; de voir.
En photographie c'est différent. Je choisis l’abstraction graphique, ou la distance des rues (street photography), les signes sans visages et douleurs, une autre présence de l’humain, par les marques qu’il laisse sur le réel. Et je peins "sans peindre". Si je n’avais pas les mots j’aurais peut-être choisi de montrer ce qui fait mal. Mais j’ai les mots. Donc la photographie est un regard libre de capter des formes, et la joie de ce qui est. Préservé.
Dans mes textes je mets parfois, comme des petits cailloux pour retrouver un chemin de racines, des mots d’espagnol, des bribes de phrases. Et je ne traduis pas souvent. Une signature.
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CITATIONS
Litanie pour juillet plusieurs fois, plusieurs fois tous les temps…
Aujourd’hui je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas d’hier, seulement du plus lointain de la mémoire, d’une pluie de sable, d’une pluie d’instants.
Nuages. Comme brouillard sur l’écran des yeux. Très douce la parole du passé, très douce.
Douce et violente de la violence des exils, douce de la déchirure des langues, douce du froissement du papier de soie autour du texte offert par l’étrangère, en cette intime voix du dedans.
(…)
Je ne me souviens plus, je danse. Je danse sur des cadavres, je marche sur des charniers, j’habite des immondices mémoriels, je dors sur de la cendre. Et douce, douce, est la cendre.
Soleil je bois, en coulées d’averses. Non, je ne bois pas l’or, soleil, je cherche l’ombre qui brûle. Je la chante, sanglant oublieux, je la cherche.
(…)
Gargoulette fantasmatique, inutile de tendre les lèvres vers une image, ou de poser les paumes sur un souvenir de fraîcheur, la soif reste, et les mots, dans l’incandescence des mains. De ne pas savoir je me souviens.
(…)
Vers un ailleurs qui sait, lointain rivage.
Buscar. Buscar la luz.
L’étrangère aussi, en soi sait peut-être… Elle.
……………...........
Noir sur noir, soleil
Il y a des êtres qui sont séparés par des frontières dressées.
Séparés aussi d’eux-mêmes.
Mais ils marchent, le regard à l’horizon, cherchant à rejoindre leur indicible étrangeté. Ecrivant des douleurs inguérissables, des colères enfouies, celles qui rongent et tuent, oblitèrent l’âme. Fouillent, libèrent, réparent. Trouvent l’indicible et l’étrange, la part universelle. Noir sur noir.
(…)
Tourner autour de la ville, dans la poussière.
Oublier. Olvidar ?
(...)
Croix, croissant, étoile. Redire et redire. Appel des sages… Espérance soufie.
(...)
Femme magicienne, viens enlever le feu du feu.
(...)
Rêve, enfant, rêve…
Et ne traverse pas encore des mers infranchissables.
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Recension (et auto-recension...) MC San Juan
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LIENS
Vers la note de parution (et informations pour se procurer la revue)... http://lelivreadire.blogspot.com/2018/09/a-lindex-n37-paraitre-en-octobre.html
et infos diverses...
À L’Index éditeur de livres. Coll. Les Plaquettes (recueils, textes et photographies ou dessins ou encres). Même lien, livres publiés comme hors série (hors abonnement) de la revue. Ainsi "Quelqu'un d'absent", de François Vignes.
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