samedi 14 février 2015

A L'INDEX N°29 - N° empreinte consacré à Gabriel Okoundji


Ce numéro 29 est paru en Eté  2015.
(le 10/08/2015
21X15 - 153 pages intérieures -
 (tirage 250 exemplaires)












TABLE DES MATIÈRES

Photographie (1) par François Ducasse
Salut à un maître féticheur Par Salah Stétié
Poèmes inédits de Gabriel Mwènè Okoundji
Portrait de Gabriel Okoundji par Jacques Basse
Gabriel Mwéné Okoundji ou Le conte de l'écriture - entretien avec Jean-Claude Tardif

Photographie (2) par François Ducasse

Autour du Quêteur de Souffle
avec les contributions de
«Si le Mwènè m’était conté… De quoi Okoundji est-il le nom ? » par Zakarie Acafou
«Gabriel Okoundji, Orfèvre de sens dans une diaconie de la parole sur une terre d’écriture» par Stephens Akplogan
Lettre à Gabriel Okoundji de Bernard Basteau
Les Cheminements de Gabriel Okoundji par Jacques Chevrier
«Quand la parole se fait écriture» par Jean-Luc Coudray 
Poème à Gabriel Okoundji par Thierry Delhourme
A Gabriel ces"paroles entre les paroles" par Florence Dreux
Lettre à Gabriel Mwènè Okoundji de Antoine Houlou 
« Gabriel Okoundji, le Mwènè ! » par Liss Kihindou,
«D’Okoundji à Mwènè : la parole d’un initié congolais » par Edem Kodjo Latévi
Note de lecture de Alima Madina.
Cycle d'un ciel bleu et Second poème, un lien sous forme de fragments suivi de Pour Gabriel Mwènè Okoundji par Omer Massoumou
Hommage à Mwènè Okoundji, porteur de mémoire ancestrale par Alphonse Ndzanga Konga
Du Mwènè à l’écrivain : regard d’un tégué. de Claude-Alexis Ngolele
 Lettre à Gabriel Okoundji de Danièle Estèbe Hoursiangou
«Gabriel Mwènè Okoundji, du silence à la lettre » suivi de à Gabriel Mwéné Okoundji  par Isabelle Rebreyend 
 Gabriel Mwènè Okoundji : L'évidence et l'énigme par Joan-Pèire Tardiu
Photographie (3) par François Ducasse
Le poème, voix au Monde, voie du Monde suivi de La voix du poème par Jean-Claude Tardif
«Lire en pays dominés» - En hommage au maître de la parole Mwéné Gabiel Okoundji- par Abdourrhaman A. Waberi,
Un homme de parole qui connaît le silence - de Pavie Zygas

Photographie (4) Gabriel Okoundji chez lui (collection privée)

Quelques numéros disponibles 17€



revue.alindex@free.fr




Quelques réactions des participants et de lecteurs


 On en parle

LE QUÊTEUR DE SOUFFLE, de Gabriel Mwènè Okoundji, in A l'index, Collection Empreintes.
.
Jean Claude Tardif questionne Gabriel Mwènè Okoundji. Okoundji répond.
« J'aime à penser que la parole, comme la beauté, comme la vie, est une énigme. Toute parole est, comme on dit en tégué, nombreuse, immensément nombreuse, elle n'a pas de limites, et donc, elle ne finit pas de nous échapper. »
Voici deux poèmes inédits, parmi d'autres, (in « Le quêteur de souffle » ) où la panthère est « animal totémique de nombreux peuples bantous » (note en bas de page).
:
« L'homme a soulevé la pierre pour exiger le silence
on a dit : Silence
que pierre tombe et que meure la panthère
on a dit : Silence
la panthère périra
avec sa peau de panthère
avec son âme et
son sang de panthère pour sauver
sa foi »
page 18.
« Corbeaux et éperviers, encore et pas encore ne chantez pas
élevez votre humilité en édifice d'honneur
observez le silence dans le grand silence qui sait se taire
l'âme tombée que voici fut nature glorieuse
[plus belle que la nuit
ne rêvez pas ne vous précipitez pas vers l'extase
[du chant funèbre
qui goûte trop vite par son propre bec perd la saveur
[du goût de son propre bec
assez !
La mort est parole de la mort
et la mort de la panthère de la savane est... »
page 31.
Pour continuer cette lecture marquante, passionnante, et découvrir tous les inédits du poète, l'allocution de Salah Stétié, par exemple, l'entretien de Jean-Claude Tardif, ou les contributions autour de « Le quêteur de souffle », ou encore les photographies du poète, etc., vous pouvez vous adresser auprès de monsieur Tardif, revue A l'index, collection Empreintes. Le numéro : 17 euros. L'abonnement à deux parutions : 26 euros. in Fabrice Farre

« À l’index » N°29 (2015)

Jean-Claude Tardif alterne les numéros anthologiques ou thématiques et les numéros entièrement consacrés à un poète avec la collectionEmpreintes. Le 9° titre de cette collection célèbre le poète franco-congolais Gabriel Mwènè Okoundji. Depuis vingt ans, cet auteur s’est signalé par une œuvre riche avec une vingtaine de titres parus pour l’essentiel chez Federop et chez William Blake & Cie. Ce numéro s’ouvre sur une allocution que le poète Salah Stétié a prononcée en 2008 à l’occasion de la remise du Prix Poésyvelines. S’en suit Mots totems, un long inédit de 21 pages et un entretien de 11 pages avec Jean-Claude Tardif. Autour du « quêteur de souffle », se sont retrouvés sous formes de lettres, de poèmes, de souvenirs ou de lectures, une vingtaine d’amis et de fidèles venus d’horizons divers. Le point commun de tous ces proches pourrait être l’empathie envers un poète qui mériterait une plus grande notoriété. On regrettera peut-être la rareté des documents iconographiques par rapport à la densité des écrits. On saluera en fin de livraison une excellente initiative éditoriale de quatre pages qui consiste à présenter les protagonistes de ce numéro spécial. 
(« À l’index N°29 » 2015. 156 pages, 17 euros – revue.alindex@free.fr )

Quel plaisir de recevoir la revue hier. Elle est magnifique (et je ne parle même pas du contenu émoticône wink
! Bien entendu, j'en parlerai !

samedi 7 février 2015

A L'INDEX n°28

Ce numéro 28 est paru en 10 MARS 2015.
21X15 - 136 pages intérieures -
 (tirage 130 exemplaires)

TABLE DES MATIÈRES

Au doigt & à l’œil par Jean- Claude Tardif
Dossier : Une amitié - Anne Sexton/Sylvia Plath
- traduction Christine Rimoldy -
portrait d'Anne Sexton par Jacques Basse
Le pilier de bar devrait chanter par Anne Sexton
portrait de Sylvia Plath par Jacques Basse
La Mort de Sylvia – poème - d'Anne Sexton

Elle se mit à exhumer amoureusement 
& autres textes de Frédéric Miquel
Mars Attack – poème – de Guy Girard
La page blanche de Rabiaa Marhouch

Jeu de Paumes - Petite anthologie portative -
François Cani - Éric Chassefière – André Duprat - François Ibanez – Michel Lamart - Nora Thermes

Parole donnée à François Sannier

Visages, Nuages, Mirages. Jean Chatard/ Claudine Goux

Une et toutes douleurs – poème – par Marie-Claude San Juan
Bonjour Monsieur Boulanger 
Sans levain surtout suivi de De Maronne à Bargetal par Olivier Cousin
Marelle -séquence - de Jean-Claude Tardif

Essais d’autobiographie suivi de Écrire le matin de Claire Dumay
Le microscope & autres poèmes de Françoise Canter
Prémonitoires poèmes – de Anne-Marie Marcelli
Nos paysages (& autres poèmes) par Anne Marie Bruch
Bracciante, raccoglitore di stracci de Ferruccio Brugnaro
traduction Jean-Luc.Lamouille -

Entre lyrisme et modernité :  
les figures de l’«albanité» dans la poésie d’Ali Podrimja par Alexandre Zotos

Sur l'arête du vide (à Nicolas de Staël) par Isabelle Rebreyend
La part des ombres de Claire Lajus

Montrés du doigt par Jean ChatardGérard Paris

Quelques numéros disponibles 15€



revue.alindex@free.fr




Quelques réactions des participants et de lecteurs


 On en parle

Un texte d’Anne Sexton, poète américaine, qui raconte ses liens avec Sylvia Plath, lorsqu’elles se fréquentèrent à Boston, vers 1958, (autour de cours délivrés par Robert Lowell qui les influença toutes deux), leur même fascination pour la mort et le suicide. Et deux poèmes, écrits après la mort de Sylvia Plath en 1963. Le premier un an après intitulé : « Vouloir mourir » : …Les suicidés ont un langage particulier. / Comme les charpentiers ils veulent savoir quels outils. / Ils ne demandent jamais pourquoi construire. Le second, dans l’émotion de l’événement : avec ta bouche enfoncée dans le drap / dans la poutre du toit, dans la prière muette,... Anne Sexton se suicida à son tour en 1974.
Une suite de quatrains illustrés par Claudine Goux : « Visages, nuages, mirages » : Il écrit pour survivre et signe Jean Chatard. Lequel sait parfaitement en quatre alexandrins, rimes alternées, ouvrir une perspective poétique et la clore aussitôt, comme un haïku, rond ou carré. On peut croire au bonheur, ce tournevis de l’âge…
Une étude enfin par son traducteur Alexandre Zotos sur « Les figures de l’albanité dans la poésie d’Ali Podrimja », à propos du recueil « Le pays défait de ma naissance » (n° À l’index Hors série), dont je parle dans le n° 165 de Décharge et qu’Alain Kewes critique à son tour dans le prochain 166.

Puissante œuvre poétique que celle d’Anne Sexton





(née en 1928 dans le Massachusetts, morte en 1974, suicidée), fascinante même dans cette obsession suicidaire (qu’elle partage avec Sylvia Plath, poète immense aussi, née en 1932, morte en 1963, par un suicide que toute son œuvre  semble annoncer). Amitié qui constitue le dossierd’ouverture de la revue. Ce qu’Anne Sexton écrit sur (et à) Sylvia Plath est bouleversant, intime, riche autant pour ce partage fraternel d’émotion que pour tout ce qui est dit du processus d’écriture, entrelacé dans le même partage. Puissante écriture, tant pour les textes d’analyse de soi (par quelqu’un qui a vécu la démarche analytique) que pour les poèmes. On la connaît peu, d’où la nécessité d’un tel dossier. Je ne sais pas pourquoi elle a été plus négligée, en France, que Sylvia Plath. J’ai aimé le portrait queJacques Basse fait des deux auteurs (non, moi je ne mets pas le « e » d’un féminin formel, qui, à mon avis, est un contresens linguistique). Jacques Basse, je l’avais découvert par hasard, avant de lire A L’Index, en cherchant un texte de René-Jean Clot, et le nom m’avait mené à son site, et au portrait du peintre-écrivain (qui m’est cher, très cher), et depuis c’est lui que je cherche aussi, pour ce regard sur des visages marqués par l’écriture. Traits noirs, mais pas tristes, ici. C’est la vitalité qu’il a voulu montrer, pas le désespoir sourd. Dépressives, Anne Sexton et Sylvia Plath, le sont donc au point d’en mourir, de « vouloir mourir » (comme l’affirme en titre le poème de la page 11, d’Anne Sexton, ou page 17 celui sur « La Mort de Sylvia »). Mais leur lecture donne de la joie, par la profondeur du cri intérieur, par la maîtrise lucide, malgré tout, du langage pour saisir ce qui est en jeu,  même quand, comme moi, on se sent complètement étranger à ce genre de triste déchirement intérieur. Mais sans doute en nous tous y a-t-il un écho de tels questionnements. Camus l’a dit, la question du suicide est le sujet philosophique central, et moral, c’est pourquoi ces poètes parlent de nos vies. Et la différence avec elles, avec elle, c’est qu’elles savent, elle sait, quel est le gouffre qui  attire. Nous, consciemment, non, mais qui sait ce qui est mortifère dans nos rapports aux émotions, au corps, au monde. Parfois nous frôlons la mise en danger de soi, par une fuite apparente des parts sombres, et l’inconscient est là.
Magnifique texte, que celui de Frédéric Miquel, dès le début : « Un verre à la main, une bouteille de vodka dans l’autre, elle se mit à exhumer amoureusement les souvenirs enfouis au plus profond de la terre séchée de sa mémoire... ». Il parle d’un « corps solaire » mais c’est l’être entier qui est solaire dans ce portrait d’un « physique éblouissant de beauté ». Texte amoureux. C’est la juste approche, pour lire et relire : que ce soit amoureux. Voilà un critère pour apprécier une œuvre : produit-elle en nous un tel élan (comment, peu importe, mais d'une impulsion violente, de manière inconditionnelle et dans la distance de la gratuité) vers l’être qui a tracé ces mots-là? Anne Sexton y réussit. (Tous ceux qui ont écrit ou dessiné pour ce dossier l’expriment diversement).
Echo des ombres, êtres perdus dans l’immense et dans l’angoisse, le beau poème de Guy Girard (2011). Je retiens ici un fragment, particulièrement : « dansante évidence de la lumière éclairant de son ombre / ce grain de poussière  dans le jeu de quilles du présent. »
Rabiaa Marhouch dit son admiration pour les poèmes d’Anne Sexton, comme dans une sorte de terreur : « Ta poésie me terrasse ». « Ma page blanche » : je le vois, ce texte,  comme un poème en prose. Elle y parle de la lecture de cette œuvre accomplie, achevée, d’Anne Sexton, qui peut être contemplée dans un ciel de splendeur et qui écrase par sa magnificence, quand on admire. Un début, une fin, finalité qui peut paraître trop loin, inatteignable. Je peux comprendre, et l’angoisse et l’élan que le texte sait traduire avec force : « Ma poésie est à délivrer de ta Poésie. »... Au début, cependant, elle écrivait : « Je suis une immensité qui se méconnaît. ». Oui...
Mais aucune de mes grandes admirations ne m’a jamais fait ressentir cela, même adolescente. Très jeune je savais (et je l’avais décidé, je m’en souviens, à douze ans exactement : j’ai même le souvenir d’un instant précis, à l’ombre d’une entrée de patio, cristallisation des pensées de beaucoup de moments et de jours...). Je savais que le temps serait mon espace d’écriture, des décennies de travail devant moi quand d’autres avaient des décennies de travail derrière eux. De plus, Rimbaud démontrait que l’inverse est possible, l’intense concentre le temps et tout peut être transcendé. La preuve... Enfin, pourquoi craindre le temps si l’on ne rêve pas d’une accumulation de livres remplissant une bibliothèque, mais plutôt de l’ouvrage essentiel, qui serait le produit de la déchirure d’infinis brouillons,  alchimie de soi autant que des mots tracés. L’importance de la création ce n’est pas le poids. Je n’ai pas un rapport quantitatif avec la mesure d’une œuvre. Et ne m’intéresse, pour moi et les autres (écriture, ici, lecture, là), que ce que signifie (et crée) cette lente métamorphose que l’écriture ne fait pas que traduire mais bien plus produit. Les mots comme un feu qui brûle l’inessentiel et fait sourdre de notre ombre des scories qui ne sont pas des déchets mais gardent en eux une densité volcanique faite de son contraire, et, en eux, aussi, ces vacuoles d’espace cosmique. Le creux de soi, centre libre, n’est pas que racines. Ce que je veux dire par cosmique, c’est justement ce qui empêche l’admiration de se muer en peur de ne pouvoir atteindre cela qui est écrit par quelqu’un d’autre.  Tous peuvent être sculpteurs d’eux-mêmes, donc de leur œuvre. A condition de... Affaire de travail, de lecture, et de conscience. De perception de cet espace immense autant interne qu’externe. Et de ce sens présent partout, qu’il faut juste déchiffrer. Est-ce orgueil ? Non. L’humilité, je la mets plutôt dans un goût pour la longue patience, très longue patience... Et pourquoi pas ? Regards et regard...
Donc, poèmes d’Anne Sexton, dans ce numéro. Citations. « Vouloir mourir » (texte pp.11-12) :
« Puisque vous demandez, la plupart du temps je ne me souviens pas. / Je marche dans mes vêtements sans porter la marque de ce voyage. / Puis ce désir viscéral presque innommable revient. »
Et
« La Mort de Sylvia » (pp.17-19)
« Sylvia, Sylvia, / où es-tu allée / après m’avoir écrit / du Devonshire (...) ? » (...) « à quoi as-tu été fidèle, / comment, au juste, t’es-tu allongée dedans ? »
(...)
« cette mort que nous disions avoir toutes deux dépassée, / celle que nous portions sur nos poitrines maigres »
Cette mort l’attriste, mais lui donne le désir « d’y goûter, comme à du sel. »... Elle le fera, plus tard. Ses textes disent qu’elle ne sait toujours pas de quelle plaie vient encore ce désir de mourir qu’elle croyait avoir vaincu. « Innommable » désir, sans mémoire pour pouvoir le cerner. Innommable, car il est le désastre du défi lancé à l’écriture. Si les mots d’Anne Sexton avaient pu saisir totalement l’attrait de la mort, cet attrait aurait-il été englouti dans le travail de mise à la conscience par l’écriture ? Ou, au contraire, si l’enjeu avait juste un peu déplacé le regard ? L’influence de Robert Lowell n’a-t-elle pas été un frein, malgré ce qu’elle en dit, admirative et reconnaissante ? Dans un texte elle écrit « Après tout, le suicide est le contraire du poème » (« Le pilier de bar devait chanter », pp.7-11, citation, p.10). Et elle ajoute qu’avec Sylvia elles discutaient « souvent de contraires ». C’est comme si, là, on était au bord d’une frontière qui aurait pu être traversée dans un sens ou tout à fait dans l’autre sens. Même si, bien sûr, on ne peut rien dire sur le mystère des bascules dans la dépression, ni, dans le fond, pas beaucoup plus sur ce que l’écriture arrive à vaincre chez autrui...
Ce dossier seul justifie la parution du numéro, qu’il emplit déjà, jusqu’à la page 26 (seulement ?) : qu’il emplit de sens.
Mais d’autres textes suivent...
Poèmes de la « Petite anthologie portative ». Plusieurs auteurs. Je relève un nom, pour les textes que je préfère : Nora Thermes, d’évidence. Découverte d’une écriture, où je sens un souffle, une pensée qui sous-tend la poésie (pp. 36-38). Une démarche qui engage tout l’être. C’est une écriture...  On reste à hauteur du dossier...  Citer, c’est parfois trahir un peu, quand tout est lié (comme pour le texte de Rabiaa  Marhouch...). Mais commenter sans citer, non.
Donc... Nora Thermes :  « S’enorgueillir alors de n’être jamais qu’à soi / Et ne se dicter comme quête relationnelle / (Pour ne point effleurer l’affect, / Et sanctifier l’angoisse) / Que la triomphante obtention / Des ombres des corps les moins lumineux » (...) ///   « Et tisser sans transparence des liens furtifs / Fugaces, pour ne point plonger / Ne point goûter la douce douleur salée / Des abîmes d’impudiques » 
Pages 49 à 64, jeu entre écriture et dessins, Jean Chatard etClaudine Goux. Humour et poésie. C’est original (« Visages, Nuages, Mirages »).
Pages 65 à 69, mon texte, poème, vers libres et prose. « Une et toutes douleurs ». Exergues (bien sûr...) Anna Akhmatova,Monique RosenbergLyonel TrouillotGeneviève ClancyJe ne peux que tisser lecture et écriture. Je ne citerai qu’un fragment, tout au début. Il donne une des clés, en posant une question : « Le lieu est-il l’exil de la pensée ? ». Exils, conscience : méditation... La traversée des frontières est au centre de mon identité, de tous mes questionnements. Pluriel interne, valises « arrachées », et chiffre de l'éthique nomade. Regard autre. Je signe d'un S, mémoire du soleil-signature de Jean Sénac, et de l'initiale en commun, S solaire, oui, et S des pluriels, qui ouvre le multiple en soi et dehors (MC San Juan...).
Page 77, poème, « Marelle », de Jean-Claude TardifEvidemment le jeu n’est qu’un prétexte, pour cartographier bien plus que les pas sautillants d’enfants... J’aime beaucoup. On entre plus facilement dans un univers quand on a lu des recueils, des pages diverses de l’auteur. Dans un poème on ouvre alors un monde. On peut se tromper et inventer un sens qui n’est pas celui que l’auteur voulait nous faire lire. Mais le lecteur crée aussi le texte qui inscrit plus que le poète croyait dire (et il le sait).
Donc... « Sur le chemin de la marelle / L’éclat calcaire / Limite au bonheur »  Pourquoi limite ? Parce que cela casse la symétrie plane ? Parce que cela alourdit et ramène au sol vers l’éclat (trop poudreux ?) « L’enfant solaire » ? Ferme son espace ?  Mais quand même l’élan qui élève. « Agir »... « Lancer la pierre / Contraindre l’espace ». Non, décidément, ce n’est plus seulement le jeu d’enfance, le rêve dans la lumière. J’y vois le symbole de nos vies, tous au départ « enfants solaires », à sauter « Sur la nuit et les jours », « Blancs et noirs » du jeu,  à devoir trouver la route entre les « droites » quand un instant peut faire dévier, et arriver, au bout du compte, à être capable de dévier exprès des chemins fixés, sans angoisse. Le but, la fin, dans le texte, c’est aller  « Jusqu’à l’asymétrie ». Parce que l’espace libre échappera aux traits normatifs, que la vie fera entrer du désordre dans nos jours et nos années, et nous forcera à sortir des repères anxieux, obsessionnels, des normes et des cadres. Mais il y a un mot, « lutte », qui marque l’effort de l’enfant dans son jeu (pour suivre ce qui est droit), et, peut-être, la lutte de l’adulte, au contraire (pour fuir ce qui est trop droit...). Asymétrie vivante, l’art... 
Les pages qui suivent sont de Claire Dumay. Feuilletant la revue sans regarder le sommaire pour trouver les pages, au départ, j’ai lu la dernière phrase d’un de ses deux textes (pp.78 à 85), et j’ai immédiatement reconnu le style, signe qu’il est très personnel. Un style...  « Essai d’autobiographie », voilà qui soutient ma lecture du poème de Jean-Claude Tardif... La même chose est dite (sans le savoir, en voulant dire le contraire, en regrettant ce contraire...). Elle explique son impossibilité à inscrire un quelconque projet autobiographique qui ressemblerait à ce qu’elle lit ailleurs. Elle croit devoir s’en désoler... Parce qu’elle perd les repères, ne sait plus où elle va, en est « ébranlée, bousculée ». Justement, c’est bien. C’est signe que l’écriture ne se ment pas, que le désordre de la vie est bien là (qui fait arriver où on ne va pas, et fort heureusement car autrement on n’aurait pas su le décider...). Bien sûr les visages du passé ne seront pas les visages du passé. Les bribes captées deviendront autre chose. Et « tourner autour » c’est cela qui est intéressant, car autour on prend le juste recul, alors que dedans on serait enfoui dans les identifications faussaires. « Tourner autour » obligerait-il vraiment au « recyclage d’une gestation unique » que même cela serait une perspective d’écriture. Une page qui devient cent, car elle a autant de significations que de tentatives d’écriture du même instant d’un être. « Impasse » ? « Inutile de dévider l’impasse », écrit-elle. Moi, justement, j’entre dans ce texte qui se dit impasse avec un plaisir de lecture où je trouve matière à comprendre, à interroger. Les histoires tranquillement déroulées ne m’intéressent pas, mais cette hésitation de l’écriture, oui. Car le basculement est en train de se jouer. On approche l’asymétrie que visait le poème Marelle... Parce que le doute l’installe. Aux orties le moment où Pascal « marchait solitaire sur la grève » : c’est juste une clé, le saut de la marelle, avant ce trou du silence où autre chose émerge. Et que ces doutes sont bien écrits... !
Claire Dumay, encore, « Ecrire le matin ». Là aussi j’aime beaucoup. Amusée, aussi. Je remplacerais matin par nuit et je reconnaîtrais  la plupart des signes. Le matin, pour moi, serait celui des nuits blanches (alors je peux voir l’aube). Très beau texte sur l’écriture, celle qui vient sans qu’on la cherche, comme d’une étrangère. Lieux et rythme d’un monde très féminin. Solitude de l’écriture dans les moments où l’espace se libère. Rangements... ou ménage qui va marquer des pauses cérébrales, gestes dont on ne sait s’ils produisent, causent, ce qui s’écrit, ou viennent de ce qui s’écrit. Boisson chaude qui donne de la douceur au corps. Toilette décalée pour ne pas stopper l’élan du flux qui passe par les doigts.Citations « Je quitte le mémorial, les eaux sacrificielles, la crypte funéraire » (...) « L’exode des mots supplante la stagnation, le règne de l’immobilité. Moi qui suis un être d’attache, fidèle à mes demeures, m’affranchis malgré moi de ces contrées souterraines, de la claustration du confessionnal. » (...) «  J’entre en migration. Les lettres qui sont frappées sur le clavier ne sont plus traces, ni empreintes. »   
Poème... Anne-Marie Marcelli, pp. 90-95. « Prémonitoires ». Le silence, l’écriture, le corps, la peur (ou les peurs). Toujours, l’écriture est interrogée, questions entrelacées aux thèmes courants de la vie (le corps, les liens, les lieux, la matière). Je lis, et des fragments retiennent l’œil.  Ainsi :
« Je vis / Que les pierres / Même les pierres / Se froisseraient comme du papier / ... / Et nous sommes / Moins que pierre » (...) « Ecoutons / Les murmures étouffés / De la source du verbe / Qui tremblent dans nos os » (...) « Faisons la paix / Avec le temps / Silence / Prière ». Belle méditation sur la genèse de nos écritures... et ce qui s’installe quand on fait taire les mots. Une sagesse du silence ?
Des poèmes en prose de Marie-Anne Bruch je préfère « Toussaint », « Sable et cendre », « Cercles ». 
A noter, une étude (dense, riche) d’Alexandre Zotos, sur la poésie d’ Ali Podrimja.
Et des recensions.
A L’Index N°28, Table des matières (et, sur ce blog éditeur, numéros précédents et projets) :http://lelivreadire.blogspot.fr/2015/02/a-lindex-n28-en-cours.html
Autres numéros de la revue, ici : notes, blog Trames nomades, tags...
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Anne Sexton, site dédié : http://anne-sexton.blogspot.fr/

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Anne-Marie Marcelli : Née au Maroc, à Jerada, commune située à la frontière algérienne, derrière laquelle, son grand-père a assuré la direction de deux cinémas, A-M Marcelli est fille de pieds-noirs d’origine espagnole du côté maternel, corse par son père. La Corse du centre avec ses montagnes, ses torrents, ses forêts, constitue la source originelle de son univers poétique.
Elle écrit ses premiers poèmes à l’âge de neuf ans.
Après un baccalauréat littéraire, et deux années en classe préparatoire aux grandes écoles en lettres classiques, elle étudie la philosophie à l’Université de Bourgogne où elle obtient une maîtrise sur les pratiques magiques, puis un D.E.A. portant sur l’évolution des représentations de la mort chez les Bantous. Epouse de l’écrivain congolais Daniel Biyaoula, Grand Prix de la Littérature d’Afrique Noire 1997 avec « L’Impasse », elle assiste de façon active et quotidienne à la genèse de plusieurs romans, fréquente des romanciers d’Afrique centrale comme Alain Mabanckou, Jean Bofane, Marius Nguie…
Sans cesser de s’adonner à la poésie, et dans les premiers temps, inspirée par l’univers baudelairien, dont elle s’émancipera, elle enseigne la philosophie en Bourgogne, avant de déménager en région parisienne. Là, elle rejoint un public scolaire réputé difficile à Bobigny, qu’elle s’applique à faire aimer les textes poétiques, et dont elle tente de mobiliser la créativité dans des productions personnelles. Parallèlement, et de façon ponctuelle, elle intervient dans la lecture de manuscrits et en apportant un conseil littéraire pour les Editions Tanawa Convergence.
Dans le même temps, elle écrit un recueil de poèmes, « Si Noire Rivière » édité chez Menaibuc en 2008, ainsi qu’une trentaine de nouvelles, et six romans, dont un « Une mouche dans le champagne » édité aux Editions Dédicaces (Montréal) en 2010. Avec ce roman, elle sera présente au Salon du Livre de Paris 2010.
Récemment, A-M Marcelli a terminé deux romans, Le chanteur silencieux et La fille qui ne voulait pas pleurer (Roman à quatre mains).

Elle a également collaboré à l’écriture de trois scénarios en examen au CNC, avec le scénariste et réalisateur Léandre Alain Baker (L’Ivresse de la forêt, Solène, Jalila)







Anne Sexton, de son vrai nom Anne Gray Harvey, née le 9 novembre 1928 et décédée le 4 octobre 1974, est une écrivaine et poète américaine
Anne Sexton est née en 1928 à Norton, dans le Massachusetts, et a passé la majeure partie de son existence dans les environs de Boston. En 1945, elle intègre un pensionnat, la Rogers Hall School, à Lowell dans le Massachusetts. Elle se marie en 1948 avec Alfred Muller Sexton, connu sous le pseudonyme de « Kayo ». Ils auront ensemble, avant leur divorce au début des années 1970, deux enfants : Linda Gray Sexton, qui sera plus tard romancière, et Joyce Sexton.
Une grande partie de la vie de Anne Sexton sera tourmentée par la dépression. Sa première dépression nerveuse survient en 1954. Après un deuxième épisode dépressif en1955, elle rencontre le docteur Martin Orne à l'hôpital de Glenside, qui l'encourage à écrire de la poésie, ce qu'elle fait en s'inscrivant à son premier atelier de poésie, animé par le poète John Holmes. À la suite de ce travail en atelier d'écriture, les poèmes de Anne Sexton rencontrent un certain succès, puisqu'elle obtient des publications dans des revues prestigieuses aux États-Unis, tel le New YorkerHarper's Magazine, et Saturday Review. Sa créativité poétique est encouragée par son mentor, W.D. Snodgrass, dont le poème Heart's Needle a inspiré Anne Sexton pour l'écriture du texte The Double Image, un poème particulièrement marquant sur les rapports entre mère et fille.
Dans le cadre de l'atelier de poésie de John Holmes, Anne Sexton rencontre la poétesse Maxine Kumin, de qui elle restera proche jusqu'à la fin de ses jours. Les deux femmes, qui ne cesseront de s'entraider dans leur travail littéraire respectif, écrivent ensemble quatre livres pour enfants.
Anne Sexton a en outre fréquenté un atelier de poésie en même temps que la poétesse Sylvia Plath, animé par le poète Robert Lowell. Plus tard, Anne Sexton dirigera elle-même des ateliers de poésie au Boston College, à l'Oberlin College, et à l'Université de Colgate.
Anne Sexton incarne la figure moderne du poète confessionnaliste. Elle a non seulement ouvert la voie pour les femmes poètes, mais elle a aussi, par son écriture, contribué à lever le voile sur les problèmes spécifiquement féminins. Ses écrits évoquent notamment l'avortement, les menstruations, la masturbation féminine et l'adultère, bien avant que ces sujets soient tolérés, acceptés ou banalisés. En cela, elle a bousculé et repoussé les frontières de la poésie.
Elle se suicide en 1974 en s'enfermant dans son garage et en s'asphyxiant avec le gaz d'échappement de sa voiture. Elle repose dans le cimetière de Forest Hills, dans les environs de Boston.
Le musicien britannique Peter Gabriel a écrit en 1986 une chanson dédiée à Anne Sexton, intitulée Mercy Street.
Les œuvres d'Anne Sexton n'ont, à ce jour, jamais été traduites pour publication en français.
  • To Bedlam and Part Way Back (1960)
  • All My Pretty Ones (1962)
  • Live or Die (1966) - Prix Pulitzer de la poésie en 1967
  • Love Poems (1969)
  • Transformations (1971)
  • The Book of Folly (1972)
  • The Death Notebooks (1974)
  • The Awful Rowing Towards God (1975, à titre posthume)
  • 45 Mercy Street (1976, à titre posthume)
  • Words for Dr. Y. (1978, à titre posthume)