- La collection "Le Tire-Langue" a pour vocation de proposer à la lecture, des ouvrages de poésie contemporaine en version bilingue. Les titres précédemment parus, sont "Le pays perdu de ma naissance" du poète kosovar de langue albanaise Ali Podrimja, "Août 36 Dernier mois dans le ventre de ma mère" du poète turc Özdemir Ince, "La Ronde des Rêves" de la poétesse italienne Chiara de Luca, "Voix Liminales" de la poétesse Franco-américaine Françoise Canter, "Pour un éloge de l'Impossible" du poète castillan Miguel Casado, "Maine" et "Poèmes à un ami français du poète Robert Nash, "La musique me revient par vagues" de la poétesse américaine Anne Sexton, "Mes Humeurs Vagabondes" ou "La Mine !" du poète allemand Johannes Kühn, " Ma rue s'appelle "Reste Fidèle", "Poèmes épars dans une chemise en carton vert du poète Robert Nash, et "Parmi les pierre" de Jean Pière Tardiu
Françoise Besnard Canter
Feuille
d’hiver
Éditions À l’index, 2021, 69 pages.
Précisons d’abord que l’auteure,
maintenant citoyenne américaine, a gardé de sa provenance française sa langue qu’elle
enseigne dans la ville de Seattle, état de Washington. Si elle a traduit vers
le français les poèmes de Robert Nash, et quelquefois redirigé vers l’anglais
des pages directement écrites en français par ce dernier, elle est aussi poète
et sa double appartenance lui permet des va-et-vient entre les deux langues qui
sont maintenant les siennes. Dans ses feuilles d’hiver – Winter Leaves,
recueil présenté en bilingue, on ne sait si le poème d’origine a été pensé en
français et reconstruit en anglais ou l’inverse, mais à la lecture de l’ensemble,
on sent une pénétration de la poésie américaine bien marquée. Cette façon de métamorphoser
un fait anodin en mystère poétique appartient bien à la culture littéraire
d’outre atlantique. On pense à l’influence d’une Adrienne Rich (poète que l’on
trouve en traduction, mais trop peu lue) qui, dans ses poèmes courts du moins,
sait aussi mêler le commun et le transfiguré. Le point de départ, ici, est un
voyage au Vietnam où l’auteur a décidé d’accompagner un exilé, et sa fille, qui
n’avait plus revu son pays d’origine depuis quarante-cinq ans. Le poème
d’introduction dévoile la nature de la relation entre les deux voyageurs :
Et nous ne savons même pas comment nous appeler. / Devons-nous dire lover ? /
dans une langue que nous parlons tous deux avec un accent / Devons-nous dire
nos prénoms ? / Le seau intraduisible de nos naissances / ou ne rien
dire ? Sitôt cette ambiguïté levée, nous lirons une suite de textes où
des lieux comme la ville d’Hanoï ou le fleuve Mékong serviront de cadre à la
projection des personnages dont les pérégrinations et petits faits de vie
construisent le recueil. Les vues personnelles de l’auteure sur ce qui s’offre
à elle nous font rejoindre une contrée lointaine, rendue plus proche encore par
les très belles encres de Kim Pham qui illustrent les poèmes.
CARINO BUCCIARELLI
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