Voici le vingt-septième titre de la collection "Les Plaquettes". Il est accompagné de huit photo-images originales de Léo Verle
Format 21x15 "à la française" - 47 pages intérieures -
Nuit d'encre luisante des trottoirs
aux feuilles en étoile jaune, les doigts écartés
demander du feu.
La poésie est la forme
orale de l'empreinte de
l'histoire au ralenti
Ernst Herbeck
Quand Jean-Claude Tardif m'a proposé de lui passer quelque chose pour cette collection, il m'est venu très vite l'idée de lui donner enfin ces poèmes écrits au Havre à l'époque où nous nous retrouvions certains mercredi à la Sardaigne, non loin de cette terrasse où il m'avait présenté un jour Yves Barbier, mousquetaire élégant et fraternel de l'écriture, beaucoup trop tôt disparu... Et de réunir ces poèmes arrachés à la folie ordinaire (1) entre deux trains reliant la « Capitale » et cette fin du monde (2), et ces fragments d'un journal en miettes inspiré pour le coup de la tradition japonaise du haïku, notamment ceux d'Issa, transformés en français par un autre ami trop tôt disparu, Pierre Peuchmaurd, et volés au silence pendant les toutes dernières semaines passées au Havre et les tous premiers mois de retour à Paris. Période charnière où j'ai cru devoir m'arrêter d'écrire (surtout ne pas donner dans la graphomanie) tout comme entre 1996 et 1999 en quittant Charleville et las Ardennes pour le Havre de Grâce... Mais il n'en a rien été cette fois. Je n'ai pas pu ou su m'empêcher de mâcher ces lambeaux de paroles qui ont fini par s'écrire. Et en les relisant aujourd'hui, ils me disent quelque chose de ce temps, du coup encore vivant, en marge d'une certaine rouille de la mémoire, une fossilisation certaine du souvenir. Je ne serais jamais « le plus heureux des hommes » mais je me réjouirais si celle ou celui qui tombera un jour sur ces quelques pages, y trouvait, ne serait-ce qu'un instant, l'urgence de ce qui a été écrit et glissé dans une bouteille à la mer.
Paris le 22 novembre 2020
R.S.G.
Roberto San Geroteo naît en 1951 à Rennes où s'étaient exilés ses parents, républicains espagnols. Enseignant il a enseigné le Français à Valladolid et le castillan dans les Ardennes, au Havre et à Paris. Poète, il a traduit de nombreux poètes français, dont Bernard Noël, et de très nombreux hispanophones, dont Emilio Prados, José Bergamín, Antonio Gamoneda et Olvido García Valdés, notamment dans la revue Noire et Blanche (Charleville puis Le Havre, 1994-1998), et Miguel Casado (Pour un éloge de l'impossible, À l'index, collection le Tire-Langue, 2015).
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