dimanche 6 février 2022

A L'INDEX n°43

 Vous qui avez l'amabilité de vous rendre sur ce site, prenez le temps de lire ces lignes pour mieux nous connaître et comprendre pourquoi votre soutien nous est premier - Merci à vous !

A L'index est avant toutes choses une revue dont le premier numéro est paru en 1999.  Dans un premier temps, "prolongement papier"  des Rencontres du "Livre à Dire (1997/2012), elle poursuit, aujourd'hui encore son chemin, se voulant avant tout un espace d'écrits. Au fil des numéros, elle a vu son format, sa couverture, se modifier. Pour se présenter aujourd'hui et depuis sa 20iéme livraison sous un format plus réduit (A5) et une couverture "fixe" avec comme identité visuelle la vignette créée pour la revue par l'ami Yves Barbier.

Les vingt premiers numéros ont été imprimés par l'Imprimerie Spéciale du Soleil Natal dirigée par le poète-éditeur Michel Héroult. La mort subite et prématurée de ce dernier, en septembre, 2012 a laissé la revue orpheline et désemparée. Le tirage du numéro 20 n'ayant été livré que pour moitié, il était impératif de trouver un nouvel imprimeur. La question se posa néanmoins de la cessation de parution.
Primitivement tournée presque exclusivement vers la poésie contemporaine, la revue s'est, au fil des livraisons, ouverte à la prose (nouvelles, textes courts, textes analytiques) Aujourd'hui un équilibre entre ces divers types d'écriture est recherché lors de l'élaboration de chaque numéro. Par ailleurs A L'Index travaille avec des dessinateurs et l'illustrateurs.

Si la revue se présente sous une forme le plus souvent anthologique, avec des rubriques récurrentes, elle consacre aussi à intervalles réguliers des numéros à un auteur qu'elle choisit. Ces numéros sont dits : "Empreintes". Depuis 2015 la revue publie également (hors abonnement) et au rythme d'un titre par an, des ouvrages de poésie en bilingue. La collection s'intitule : "Le Tire-langue". Y ont été publiés à ce jour le poète kosovar Ali Podrimja, le poète turc Özdemir Ince et la poétesse italienne Chiara de Luca. Y est programmé le poète espagnol Miguel Casado.
 A côté de cette collection, d'autres existent : "Pour mémoire" où nous avons republié en partenariat avec les éditions Levée d'encre en 2015 "La légende du demi-siècle" d'André Laude et en 2016 "Le rêve effacé" récit de l'écrivain voyageur Jean-Claude Bourlès ainsi que la collection "Les Cahiers" où, sous la direction de Jean-Marc Couvé, est paru un "Pour Soupault" en 2014.

Tous ces titres sont vendus hors abonnement.

Pour l'avenir une collection de poésie contemporaine est envisagée. Son nom "Les Nocturnes" sa spécificité : les ouvrages qui la composeraient, seraient écrits à quatre mains.
2017 verra la sortie  du premier titres de la collection : "Plaquettes" qui comme son nom l'indique se présentera de petits ensembles de poèmes ou de proses à un prix modique : 7€ port compris. Avec l'espoir de donner envie de lire des auteurs contemporains.  


La revue A L'Index et les collections satellites, ne bénéficient d'aucune aide et se diffusent par abonnement ou achat au numéro, Notre seule publicité : le bouche à oreille des lecteurs et la fidélité de ceux qui nous connaissent et nous lisent.



Les textes lui étant soumis le sont uniquement par voie informatique (revue.alindex@free.fr)

 Adisa Bašic -  Amartya Bhattacharyya – Jean Bensimon - Philippe Beurel - Charles Bukowski – Nina Cabanau - Jamila Cornali – Sandrine Davin - Georges Friedenkraft - Louise Glück – Christian Jordy - Jean Kubler - Werner Lambersy - Emmanuelle Le Cam – Claire Légat –  Livia Léri - Hervé Martin - Jean-Pierre Otte – Béatrice Pailler - Jean-Paul Person - Cécile Quiniou  - Ishmael Reed - Timotéo Sergoï -  Philippe Simon - Jean-Claude Tardif – Jacques-Albert Thibaud – Joël Vincent - Reginald Wayne Betts – Elvire Ybos - Martin Zeugma

 Montrés du Doigt par

Jean-Claude Bourdet - Michel Cossec - Philippe Simon

 TABLE DES MATIERES

 


Au doigt & à l'oeil par Jean-Claude Tardif

Deux poèmes de Louise Glück

poèmes traduit de l’anglais (USA) par Pierre Mironer

De l’autre côté de la mer (nouvelle) de Christian Jordy

Poésie Afro-américaine d'aujourd'hui: Ishmael Reed et

Reginald Wayne Betts

traduit et présenté par Vladimir Claude Fišera

«Una vida más» (nouvelle) de Martin Zeugma

Bleu Klein et autres (poèmes) de Béatrice Pailler

Nouvelles impressions de Porto par Philippe Beurel

Profondeurs et chaos intérieurs (texte) par Joël Vincent

Comme ça, tu veux devenir écrivain ? (So you want to be a writer ?) de Charles Bukowski

traduit de l'anglais (USA) par Jean-Marc Couvé

D'un petit bateau en papier jeté à la mer & autres poèmes de Roxana Artal traduit de l’espagnol (Argentine) par l’auteure.

In memorian - À Michel Héroult - par Jean-Claude Tardif 

Corona en quatre saisons (ronde) de Georges Friedenkraft

Le remède (nouvelle) de Jean Bensimon

La Charge de la Brigade Légère ou De Re Poetica (poème) de Werner Lambersy

Pierres & autres poèmes en prose de Livia Léri

À l'Orée (poèmes) de Jean-Pierre Otte

Ça va ? (nouvelle) Hervé Martin

Hoqueter son destin (poèmes) de Emmanuelle Le Cam

L'interminable Java très triste du train qui traversa toutes les Russies. (phrase) deTimotéo Sergoï

Jeu de Paumes – petite anthologie portative -

Jamila Cornali – Sandrine Davin - Claire Légat – Claire Quiniou - Philippe Simon – Jacques-Albert ThibaudElvire Ybos

Le Der des Ders (nouvelle) de Jean Kubler

Poésie Bosniaque d'aujourd'hui : Adisa Bašic

traduit et présenté par Vladimir Claude Fišera

La dernière enquête de Maigret. (nouvelle) de Jean-Paul Person

Istanbul & autres poèmes de Nina Cabanau

La voix de l'ami (poème) -

traduit du français vers le farçy bengali par Bezhad Nezadahmadi

L’enfant nu (poème) de Amartya Bhattacharyya  

traduit du bengali par Nina Cabanau 

D’abord, j’ai lu l’introduction de Jean-Claude Tardif , Au doigt et à l’œil, humeur de saison sur les failles et pièges de la communication, les brutalités, même. Regard attristé. Métaphores… Les « sabliers engorgés », et, comme « verset » d’espoir, celui des oiseaux, « mélopée libre ». Mais espoir amer, car « les oiseaux disparaissent ». Conception d’une poésie de la « légèreté » (oiseaux aériens...), contre la lourdeur pesante du réel. Pour conclure sur le « besoin » de poésie… « pour renouer avec l’un des plus beaux rêves de l’homme, la Liberté dans un monde partagé. ». Et, en face de ce texte, une illustration de Léo VerleBouteille à ma mer. Une feuille glissée, balançant entre sable et eau. Finalement, la poésie envoie bien des bouteilles à la mer (et chacun la sienne, peut-être, car suivant les messages et les réseaux le voyage ne sera pas le même, ni les destinataires.) De Jean-Claude Tardif, un autre texte est un hommage rendu à Michel Héroult, poète et revuiste, avec lequel il partagea beaucoup d’engagements pour la poésie, pas toujours faciles ou heureux. In memoriam.

 

Je ne suis pas très lectrice de nouvelles, je vais plus vite vers les poèmes. 


MAIS certaines parfois peuvent retenir mon attention, surtout si elles échappent au genre, et j’aime la prose, qui a un souffle différent du poème en vers. (Nouvelles, si c’est pour dire bien plus que du fictionnel, ou pour contenir des fragments de poèmes, d'aphorismes, ou pour rejoindre une pensée philosophique ou métaphysique…).
J’ai donc beaucoup aimé le texte de Christian JordyDe l’autre côté de la mer. Car le couple dont il raconte un itinéraire d’amour, exil, et mort, existe assez pour représenter bien des couples réels de cette histoire tragique. Rencontre et espoir de fraternité, guerre et exil, solitude à deux dans un univers étranger, maladie qu’on peut interpréter comme le symptôme d’une souffrance non libérée (on peut mourir d’exil). L’auteur fait revivre des bribes de la vie oranaise espagnole - dont les douceurs sucrées, mouna et mantecaos (même s’il a un nom d’une autre rive méditerranéenne), et l’Histoire, depuis la peste du milieu du XIXème siècle, jusqu’à la guerre qui déchira les communautés, sans oublier les attentats et le massacre du 5 juillet 1962 qui fit des centaines de morts et de disparus (et reste très occulté). Journée que j’ai évoquée dans un poème publié dans À L’Index N° 37, Litanie pour juillet plusieurs fois, plusieurs fois tous les temps, même si ma dédicace élargit à des drames similaires dans le monde contemporain et ses violences (sans oublier la décennie noire qui fit 200 000 morts en Algérie, les intégristes islamistes recommençant les assassinats ciblés et les massacres, légitimant encore le terrorisme contre les civils). 

L’histoire de son couple, Pierre et Maria, commence dans la mer, rive algérienne, se brise par la mer (départ en prenant le paquebot Ville d’Oran), continue devant la mer, regardée dans l’exil en cherchant mémoire de l’autre rive, et finit dans la mer, cette Méditerranée devenue patrie d’exilés (et cimetière de beaucoup…). Leur leucémie, qu’ils ne soignent pas, maladie du sang, peut être interprétée comme une mémoire traumatique du sang versé, et leur suicide une façon de rejoindre leur pays, se mêlant au sang salé de la mer. 

Puisque je parle des nouvelles je vais sauter des pages et continuer ma sélection très subjective parmi les pages en prose… 

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TEXTES en prose, donc, plus loin. J’ai trouvé passionnant celui de Joël Vincent, essai érudit, Profondeurs et chaos intérieurs. Très riche réflexion, avec beaucoup de références et citations. J’ai d’abord remarqué les exergues (Nelly Sachs, Büchner, et Cioran). Ce qu’est l’écriture, la poésie. Il part d’une lecture d’Elias CanettiLa conscience des mots, traitant, dit-il, du chaos intérieur, et qualifiant les poètes de « gardiens des métamorphoses ». Le chaos n’est pas à comprendre comme un négatif désordre, au contraire. Et Joël Vincent cite Elias Canetti, pour bien introduire le sens de cet état qui ouvre la création... Car « C’est si le poète porte un CHAOS EN LUI qu’il est le plus proche du monde. Il est responsable de ce chaos et il a en lui de la place pour tant de choses contraires et disparates… ». Écho qui confirme ce qu’est ce processus créateur, ce que dit Novalis. « Il faut que le chaos brille dans chaque poème. » Joël Vincent parle d’une genèse dynamique, un mouvement en soi qui s’inscrit dans un triangle « le monde, le sujet et la langue ». Plusieurs noms viennent appuyer l’analyse et préciser le rapport au langage dans la création littéraire (dont Maulpoix, Emaz, Verlaine, Merleau-Ponty, Char, Beckett, Nietzsche, Celan, Rimbaud, Pichette, Noël…). Le poète ne l’est vraiment que s’il refuse de refouler le « chaos intérieur », et au contraire en fait une force de « résistance » pour ne pas rester « à la surface des choses ».    

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Prose, aussi, le long texte de Timotéo SergoïL’interminable Java très triste du train qui traversa toutes les Russies. Six jours de voyage, dit l’auteur, de Vladivostok à Moscou, en quelques pages d’une très longue phrase. Mystère du transsibérien « qui relie les sans monde, qui renoue les cent mondes ». (Mais lesquels ? de quel temps ?).  Évocations diverses, Chagall ou « les sorciers chamanes ». Voyage dans la mémoire, aussi, des jeux d’enfance. Le train emporte des univers de vent et d’êtres que Moscou dévore à l’arrivée. « … la capitale moscovienne qui dévorera leur passé, ne fera d’eux qu’une bouchée, ni temps ni espace n’existent, ni ce que l’on prenait pour Amour, ce n’est que neige, ce n’est que peur (…) ».

Train qui « n’est qu’un imaginaire », « amour impossible ». Et où « penser est impensable, penser est impossible, penser est interdit ». Malgré le rêve, ou le rêve malgré cela… « aimer vivre une liberté loin des hommes assis, la liberté debout dont rêvent nos amis ». Mais « (nous ne vivons que de nos rêves/que de nos rêves/nous ne vivons que de nos rêves) alors peut-on rester assis ? ». Et voilà que le train rêvé dépasse Moscou et rejoint le monde. En laissant « Crânes, corps et cœurs » qui « pleurent un hasard qui les a menés là » et qui… « n’existe plus ». Le réel ce sont des « monuments aux soldats fous, aux socialistes en caoutchouc ». MOSCOU.  

Ce texte, écrit en 2012, pour un voyage fait apparemment cette même année, et publié en octobre 2021, là, paraît visionnaire. À la fois poétique, parcours réel et parcours intérieur, et politique, amer, lucide. Ode d’amour à une terre et ses paysages, ses glaces aussi (présence métaphorique) et ses êtres. Et sorte de film triste, sur les impossibilités et fractures d’un monde.

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POÈMES. Cela s’ouvre (premières pages suivant le texte de Christian Jordy) par les textes de deux poètes afro-américains, traduits par Vladimir Claude Fisera, qui les présente. Ishmael Scott Reed (né en 1938 dans le Tennessee, reconnu important comme poète beat, il est aussi musicien) et Reginald Wayne Betts (né en 1980, il a connu la prison et de dures années, pendant lesquelles il poursuit ses études qu’il mènera jusqu’au doctorat ensuite –  il enseigne la littérature à l’université et intervient sur la question de la délinquance des jeunes).

CITATIONS… 

O, it’s hard to come home, baby

To a house that’s still and stark

All I hear is myself

thinking

and footsteps in the dark  

Oh, c’est dur de rentrer à la maison, vieux

dans une maison muette et froide

Tout ce que j’entends c’est moi

Ishmael Scott Reed

 (…) Believe me 

when I tell you I fell in love. Not with her, but

with her tears.

Crois-moi quand je te dis que je suis tombé amoureux.

Pas d’elle mais de ses larmes.

Et… (…) night //

longer than a sinner’s

prayer in Red Onion’s small 

ruined cells where ten thousand //

years of sentences

beckon over heads & hearts,

silent (…)

(…) cette nuit //

plus longue qu’une prière de pécheur

dans ces petites cellules décrépites de Red Onion

où dix mille ans de condamnations font signe au-dessus //

des têtes et des cœurs silencieux

Reginald Wayne Betts (Je note les lignes sautées par deux traits, //)

……………………………………………..

Le poème de Charles Bukowski, qui justement suit le texte de Joël Vincent, parle aussi de ce « chaos intérieur » créateur car assumé. C’est dit avec un certain humour, ou comment n’obéir qu’à l’authenticité d’une nécessité plus forte qu’aucun vain effort, écrire d’évidence. 

Comme ça, tu veux devenir écrivain ? 

(So you want to be a writer ? ), trad. J-M Couvé

CITATIONS

si ça ne sort pas de toi dans un jaillissement 

de tous les diables

laisse tomber.

(…)

à moins que ça ne jaillisse

comme un missile de ton âme

(…)

à moins que ton soleil intérieur

te brûle les tripes, 

laisse tomber.

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Et quelques pages plus loin je retrouve encore ce qui m’intéresse le plus dans un poème, cette force de profondeur unique qui donne accès à un sens déchiffré, qui autrement aurait échappé à tout autre. Long poème de Werner Lambersy, qui n’est hélas plus là pour qu’on lui dise ce qu’on aime de son écriture… 

La Charge de la Brigade Légère

     Ou De Re Poetica

Parmi les exergues, une citation d’Erri De Luca. « Après la première mort, a écrit Dylan Thomas, il n’y en a pas d’autre. »

CITATIONS

À quoi sert de tant

Lire //

Écrire ce qui n’est 

Pas encore   voilà

La véritable tâche

(…)

Quelque chose se prépare dont

On ignore tout //

C’est de l’ordre des levures dans 

La pâte

(…)

…. // je suis

Dans ce malaise //

De savoir que la beauté existe

Sans que je sache

 //

 Ce que je puis espérer encore

D’elle et du monde 

Dans l’horreur de son retrait

(…)

A danser dans 

L’absence de signes //

Il reste cependant 

L’antique angoisse

La peur millénaire //

D’être envahi

Par tant de mystères

(…)

Ça pénètre par la peau et la 

Mémoire //

Un parfum inoubliable vous

Entoure du dedans //

Demande à retourner là-bas

Où naît l’anonyme

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De Jean-Pierre Otte je lis À l’orée, un ensemble de dix poèmes brefs, précédés par un texte en italique qui pourrait être la méthode d’un exercice raisonné de disparition, volonté de fugue, vers un ailleurs qui commencerait par le détour en soi pour une mise à nu, un dépouillement.

J’en choisis un fragment révélateur.

« Pour survivre à soi-même, il faut se délester, se récurer avec soin, se délivrer de toute entrave. »

CITATIONS. (Je note le numéro des poèmes, qui n’ont pas de titres, et les espaces entre les lignes par deux traits, //)

1.

Par degrés indifférents nous en sommes arrivés //

au temps des éclipses et des effacements

2.

Il s’est fait d’effroyables naufrages en nous-mêmes

Et les paroles ont épuisé les réserves du silence.

Perdant leur tain, les miroirs ont fait voir (…)

ainsi que, proches et lointains à la fois, //

les terrains vagues que l’on suppose dans l’âme.

3. 

Celui qui disparaît en lui-même se retrouve //

(…) et que l’esprit recouvre

(…) le champ des coïncidences nécessaires.

4.

C’est un droit d’asile en toi-même qu’il va falloir obtenir.

5. 

(…) Tâchons plutôt

de nous déprendre de notre propre histoire,

et de vivre (…)

en nous délestant par degrés de celui que l’on fut.

6.

L’endroit où l’on s’égare est l’envers //

où l’on réapparait (…).

7.

Ce sont là nos points de contact avec l’incertain.

8.

(…) une saison 

Qui ne correspond plus à la nôtre (…)

9.

(…) la perte nécessaire de presque tout

si l’on veut passer en fraude avant l’aube //

la frontière qui n’existe pas entre les mondes.

10.

En songe et en apnée, le pêcheur de perles

se laisse couler à pic en lui-même 

pour trouver l’étroit passage vers ce ciel nocturne

en réplique au-dedans de nous-mêmes, oùil y a 

sans cesse des scintillements de vers luisants //

qui font sans bruit cortège à la nuit des temps.

……………………………………………..

Plusieurs poèmes dans l’anthologie centrale, Jeu de paumes. Je repère notamment celui de Claire Légat, que j’avais découverte grâce à une recension dans la revue, volume que j’ai lu ensuite, poète à qui j’ai consacré une note ici (tag à son nom), rencontrant en elle une affinité de démarche.

Je retrouve ses notations subtiles, venues d’un centre en elle dont naît l’écriture avec une force juste, et la même exigence constatée dans le recueil et le numéro d’Encres vives qui lui est consacré.

CITATIONS…  Inédit  

ferveur

ma richesse

hors d’atteinte

dans ma racine extrême

(…)

des doigts de saules transitent

pour arborer l’au-delà 

//

survivre

surmourir

(…)

Le ciel palpite sans preuve

……………………………………………..

Poésie, toujours, littérature bosniaque.

Poèmes d’Adisa Basic, née à Sarajevo en 1979. On y voit la peinture des mémoires de guerre.

Trad. Vladimir Claude Fisera.

Je copie un poème  bref, fragment de cet univers mémoriel.

Vengeance

Je sais qui

a tué ma femme et

mon fils et

ma fille.

Je le sais, l’un d’eux est revenu.

Il tient une boulangerie.

Mais moi je fais attention

à ne jamais rien acheter chez lui.

……………………………………………..

Nina Cabanau a publié là deux poèmes, 

dont Istambul 

« J’ai oublié ton eau vive 

 Découpée dans le papier des rêves »

Et elle a traduit du bengali un poème d’Amartya Bhattacharyya

L’enfant nu

CITATION…

Quoi que tu fasses, eux s’indiffèrent.

Et l’enfant abandonné

Absorbe la poussière ordinaire

À chacune de ses foulées sur terre.

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De Bezhad Nezadahmadi un poème en français et persan

La voix de l’ami

CITATION

La voix de l’ami est lointaine, 

Introuvable

Et la distance est une douleur blanche

Porteuse de silence

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En fin de volume des recensions. Lecture par… de… 

Philippe Simon a lu Jean-Claude TouzeilPrendre l’air, avec des photographies d’Yvon Kervinio. Trois vers posés en face des photographies d’artistes de cirque. Écriture sur un univers de rêve. 

Michel Cossec rend compte d’Ubacs, ou Achronologies, de Jean-Claude Chenut.

Jean-Claude Bourdet a présenté mon livre de photographies et textes, écrit à deux avec mon co-auteur, qui a posé des textes brefs, poèmes et fragments, quand je développais, en ample avant-propos, démarche photographique et conception du regard (laissant le poème dans mes titres en une ligne et le titre principal). La photographie, expérience initiatique (texte important pour moi car bilan, et parce que le regard précède la photographie...). Ombres géométriques frôlées par le ventMC San Juan et Roland Chopard (tags à son nom, recensions, ses livres personnels, que j'apprécie particulièrement).

Recension © Marie-Claude San Juan (numéros précédents, tags au nom de la revue sur Trames nomades)

LIEN. Le livre à dire, À L’Index, Jean-Claude Tardif... http://lelivreadire.blogspot.com











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