mardi 14 juillet 2020

Collection "Les Plaquettes" : "Cargo" de Patricia Castex Menier

Voici le vingt-et-unième titre de la Collection "Les Plaquettes"
Format 21X15 - 53 pages intérieures - 
accompagné de quatre peintures d'Annick Le Thoër

LE TIRE-LANGUE présente Robert NASH/ "Poèmes à un ami français"

La collection "Le Tire-Langue" a pour vocation de proposer à la lecture, des ouvrages de poésie contemporaine en version bilingue. Les titres précédemment parus, sont "Le pays perdu de ma naissance" du poète kosovar de langue albanaise Ali Podrimja,  "Août 36 Dernier mois dans le ventre de ma mère" du poète turc  Özdemir Ince, "La Ronde des Rêves" de la poétesse italienne Chiara de Luca,
"Voix Liminales" de la poétesse Franco-américaine Françoise Canter et "Pour un éloge de l'Impossible" du poète castillan Miguel Casado





Robert Nash naît en 1930 à Eastbourne. Petite station balnéaire du Sussex, non loin du cap Béveziers. Peut-être y a-t-il croisé, enfant, le roi Georges V et la reine Mary ou Claude Debussy qui disait de cette station en vogue des bords de Manche, que c'était un lieu « où la mer s'exhibe avec une correction purement britannique ». À la fin des années 30 ses parents émigrent vers les États-Unis. Il se marie en 51 avec Catriona Macfarlane. Ils auront un fils mort au Vietnam en 1974. Catriona mourra deux ans plus tard. C'est peu de temps après que Robert Nash s'installera dans sa petite maison du Maine. Il disparaît en 95, alors qu'il était parti en randonnée. Malgré les recherches son corps ne sera jamais retrouvé.

Du même auteur, dans cette même collection est paru en 2018 : "Maine"

On en parle




Poèmes à un ami français
Robert Nash
édition bilingue, traduit de l'anglais par Françoise Besnard-Canter
édité par la revue À L'INDEX
Collection Le Tire-Langue, 2020
17,00 €
On pourrait dire que ce livre renferme un trésor. De ceux que l'on trouve de manière inattendue dans le coin d'un grenier. Et ce qui fait son prix n'est ni sonnant, ni trébuchant. C'est la charge d'humanité, d'émotion, de vérité qu'il contient.
Ce trésor, ce sont des poèmes adressés par Robert Nash à son ami français, le père de Jean-Claude Tardif. Parmi tous les textes retrouvés, beaucoup étaient abîmés, illisibles dans leur totalité. C'est à un patient travail de lecture et de choix que Jean-Claude Tardif s'est livré pour reconstituer cet itinéraire de poésie et d'amitié qui, sans être une biographie, dessine les contours d'une vie bouleversée par la mort d'un fils (Lee, tué au au Vietnam) et de l'épouse aimée (Catriona, morte de chagrin). Un chemin qui conduit Robert Nash jusque dans le Maine où il vécut la fin de sa vie dans le souvenir déchirant de ceux qu'il aimait. Une vie en lambeaux comme les poèmes que retrouva Jean-Claude Tardif dans le grenier de son père. Des textes qui nous mettent au plus près de cet homme et de son drame exprimé dans une langue simple et proche. Bouleversant.


Beaux poèmes aussi avec le livre de Robert Nash, que je ne connaissais pas. C''est très "américain", au bon sens du terme. Textes "simples" (!?), s'inspirant de petites (ou graves) choses de la vie, mais avec une émotion retenue, et donc très intense par les mots. On pense à du Carver, du Bukowski, et bien d'autres, mais Nash a sa voix, et ses poèmes résonnent en nous.



Robert Nash 

Poèmes à un ami français

Éditions de la revue À l’Index, 2020, 105 pages.

Curieuse aventure en vérité que celle de ce manuscrit. L’éditeur, Jean-Claude Tardif, lui-même poète, alors qu’il soulève le couvercle d’une malle, découvre des poèmes-lettres adressés à son père. L’auteur : un certain Robert Nash, Anglais devenu Américain. Tout à la surprise de plonger dans l’échange occasionné par une amitié dont il ignorait tout, il se surprend à déchiffrer l’anglais de vieux feuillets, tantôt peu lisible, tantôt totalement ruiné par le temps et l’humidité et à aller jusqu’à concevoir une édition. Ainsi, quarante ans après avoir été écrites, voici que nous accédons à quelques pages sauvées de l’oubli. La voix de Robert Nash, toute en clarté et sobriété, nous invite, en dévoilant quelques parts intimes d’une destinée, à pénétrer dans la dernière phase d’une vie faite de solitude voulue et acceptée. Nous allons donc, au fil des poèmes, nous rapprocher des souvenirs de la femme aimée, disparue deux années après la perte du fils, mort en 1974 au Vietnam. Nous ne trouvons là aucun dolorisme, mais une déchirante méditation sur le repli d’un homme qui trouve dans la présence d’un blaireau la seule et suffisante compagnie. Un sac à dos / rien d’autre pour une vie / peu de souvenirs d’enfance / une plage peut-être sur la côte anglaise / un père, une mère / qui présage ce que vous serez. Que valent donc nos destinées ? sinon d’accéder à l’oubli de sa propre personne. L’auteur évoque largement des faits anodins, le cri d’un balbuzard, le vent dans les arbres, sans jamais relâcher sa pensée unique : l’effacement. Et comme si l’écriture était dictée par une loi interdisant tout hasard, nous apprenons en fin de volume que Robert Nash a disparu en 1995 ; il ne rentra jamais d’une randonnée et son corps ne fut pas retrouvé. Saluons aussi le travail de la traductrice, Françoise Besnard-Canter. Si elle suit quand cela est permis le texte au plus près, elle sait que le passage au français nécessite souvent un déploiement des vers dont l’original en anglais, langue de l’ellipse par excellence, peut se passer. N’y voyons là aucune trahison, mais au contraire la volonté de se rapprocher, au risque parfois de l’ajout d’une idée, de la pensée intime de l’auteur.

 

CARINO BUCCIARELLI

 

 ROBERT NASH i. m. 

II

 

   Dylan ne l’a pas lu, ni Sylvia Plath. Pas plus que Berrigan – à ne pas confondre avec Brautigan,      qui ne l’a pas connu, non plus – et Bukowski pas davantage qui pensait (comme Ferré me le répétait, aussi), que tous les poètes vivants – sauf lui – étaient nuls. Non avenus.

   Dylan, de même prénom, ne l’a pas vu errer dans le Maine, entre 1976 et 1995, État où il a survécu,    en triste état, après tant de deuils et douleurs, en proie au doute. Berrigan aurait aimé, j’en suis certain, croiser cet homme-là, meurtri sincèrement, irrémédiablement meurtri, mais qui se tint debout, sur le fil de la canne-épée de la poésie. Oui, Nash (son nom… de ville !) se tient debout, à le lire, et la poésie, avec lui, tient la route, à bout de bras, sans apprêt ni fla-fla. C’est en cela qu’il est proche de Brautigan, toujours à hauteur d’humaine humilité, mais, à l’inverse de Richard (… tu m’entends ?), il ne se suicida, Nash. Robert avait mieux à faire : il correspondit, par exemple, des décennies avec le père de Jean-Claude, et celui-ci ne retrouva ces lettres que par hasard, d’autres décennies plus tard.

   Comment Dylan, nobélisé de frais, pourrait avoir entendu parler d’un poète jamais publié ?                 Et comment diable Berrigan, je veux écrire Brautigan, aurait pu lire Robert Nash ? Même Ferlinghetti – toujours en vie, à 101 ans – dernier acteur-témoin de la mythique Beat Generation – ne lira sans doute jamais cet homme qui partit seul en randonnée, en 1995, et dont le corps, à l’instar d’un Arthur Cravan,

ne fut jamais retrouvé. Bukowski en a la chique coupée ; voire coupe-rosée ! Un poète authentique, bien que (ou parce que) jamais imprimé de son vivant… J’entends, d’ici, Emily Dickinson rigoler :   « – Vous voyez bien que ce qui compte, c’est être, bien plus que paraître. Puisqu’on finit, tous, par disparaître. » Et Patti Smith, marraine des punks, renchérit : « – No future ! »

   Nash, contre toute attente, est accessible grâce à Françoise Besnard-Canter, poète-traductrice, et à Jean-Claude Tardif,  revuiste-éditeur, en deux tomes de lettres-poèmes posthumes : « Maine », revue À l’Index, collection Le Tire-langue, 2018 et « Poèmes à un ami français », ibid, 2020. Un troisième tome est bouclé. Ne reste plus aux lecteurs qu’à se précipiter… Qu’en eût dit Cummings ? « The answer, my friend, is blowing in the wind... » et de Bob Dylan à Bob Nash, ce n’est pas un bobard !

 

                                                                                              Jean-Marc Couvé, à Dieppe, 17-19/08/2020

Jean-Marc Couvé (1957), auteur-compositeur-interprète, traducteur, illustrateur, citoyen du Monde


Bonjour Monsieur TARDIF,

Je viens de réceptionner le livre de Robert NASH
Sa lecture me bouleverse.
Cordialement


Au mois de mai 2022 "Poèmes à un ami français" a été repris et publié aux Etats-Unis dans sa version en langue anglaise aux Editions Downeast Books sous le titre : When the blue goes




Collection "Les Plaquettes" : "Dans l'entre-temps, j'écris" de Jean-Claude Tardif

Voici le vingtième titre de la Collection "Les Plaquettes"
Format 21X15 - 56 pages intérieures - 
Texte liminaire de Patricia Castex Menier
accompagné de dix encres d'Hervé Delabarre







Dans l'interstice des mots, il est encore des mots. Dans l'entre-temps des heures se bégayent des secondes; des vies entières ! Je le sais, nous le savons tous, mais nous feignons de l'ignorer. Nous ne parlons que de silence et d'horloges arrêtées. Nous retardons sciemment la première parle qui nous dirait l'enfance




Jean-Claude Tardif est né à Rennes en 1963 dans un famille ouvrière. Polygraphe il a été accueilli dans nombre d'anthologies et revues. 




On en parle


 
J'ai relu plusieurs fois "dans l'entre-temps, j'écris". J'avoue qu'il m'a donné beaucoup à réfléchir. René Char disait déjà: "nous ne pouvons vivre que dans l'entr'ouvert, exactement sur la ligne hermétique de partage de l'ombre et de la lumière..." Il me semble qu'avec vous, la recherche d'écriture se soit déplacée : "Le poème, on l'écrira avec du silence". Formule sibylline au premier abord; qui se renforce avec :"dans l'entre-temps n'existe que du silence" et encore :"Le silence qui me constitue, nous le
méconnaissons." J'ai donc repris ma réflexion à la base.
Naître, c'est à la fois naître du monde et naître au monde: il y a là une contradiction dans ce couple: fatalité / liberté. Parler, c'est parler selon le monde, mais c'est aussi parler le monde: c'est obéir à la parole du monde, mais c'est aussi faire avancer la parole du monde. Ce qui veut dire que pour le poète, le monde n'est jamais complètement constitué, sinon il n'aurait plus rien à dire. Le poète cherche les interstices du langage par lesquels il va dire son propre langage qui n'est pas celui admis communément. Vous le dites clairement:
"Entre moi et moi, tous les autres. Entre moi et moi, mon ombre et les ombres de chacun. l'entre partout...."
"Le sang du poème coule lentement dans cet entre-deux que je suis déjà plus."
Le poète se met en retrait de l'agitation du monde; mais il a ce monde en lui dont il ne peut se débarrasser; Un exemple fameux, c'est Beckett dans "L'innommable" : celui qui parle (qui est parlé) le dit: "Folie, celle d'avoir à parler et de ne le pouvoir...dont ils m'ont gavé pour m'empêcher de dire qui je suis, où je suis, de faire ce que j'ai à faire---je suis en mots, je suis fait de mots, de mots des autres."
Parole abrutie de servitude, le contraire même de la parole poétique.
Dans un autre texte , Beckett revient sur cette parole serve: "On m'a dit, mais c'est ça l'amitié, mais si, mais si, je t'assure, tu n'as pas besoin de chercher plus loin."
Ce que vous écrivez , Beckett l'aurait approuvé: "Chercher l'ailleurs, scruter la silice, le silence. Essayer de voir au travers. De remonter à la première image, avant, si cela devient possible.."
Et cette parole qui ne vient que corroborer ce que Beckett écrivait:
J'appelle "Monde" ce qui se trouve en nous et ce que nous croyons savoir de nous"
C'est pourquoi la poésie est si difficile d'accès: elle ramène à l'essentiel , la plupart des gens s'en détournent , préférant vivre à la surface des choses; Le poète fait des expériences inédites:
"L'envergure des rêves noirs des cormorans me fait lever les yeux. Mes pieds se font algues, je n'ose bouger, m'extraire de l'arc-en-ciel de leurs corps filaments."
Ce qui me fait penser à Rimbaud et à ses "Illuminations".
Il n'y a pas que "le Monde" qui veut nous mettre au pas, il y a aussi le Temps inexorable dont parle Baudelaire:
"Et que le Temps....
  Chaque jour frotte avec son aile rude
  noir assassin de la Vie et de l'Art.""
Ces mots à chercher, ces mots qui remonteraient le temps , c'est la tâche du poète, même si d'autres "taches" apparaissent, celles de la vieillesse:
Je cite l'un de vos passages les plus éclairants qui peut nous faire sentir aussi ce qu'est le silence:
"Dans l'interstice des mots, il est encore des mots. Dans l'entre-temps des heures se bégayent
des secondes; des vies entières. Je le sais , nous le savons tous, mais nous feignons de l'ignorer.
Nous ne parlons que de silence et d'horloges arrêtées. Nous retardons sciemment la première
parole qui nous dirait l'enfance."
Char aussi avait vu cet écueil du temps:
"Nous vivons collés à la poitrine d'une horloge qui, désemparée, regarde finir et commencer la
course du soleil."
Et ceci de Char encore qui devrait te plaire:
"j'ai cherché dans mon encre ce qui ne ne pouvait être quêté: la tache pure au-delà de l'écriture
souillée."
Voilà, cher Jean-Claude, ce que m'a inspiré votre recueil : La parole poétique avec vous a encore beaucoup à dire. Merci pour ce recueil. J.V.
 

A L'INDEX N°40

Vous qui avez l'amabilité de vous rendre sur ce site, prenez le temps de lire ces lignes pour mieux nous connaître et comprendre pourquoi votre soutien nous est premier - Merci à vous !

A L'index est avant toutes choses une revue dont le premier numéro est paru en 1999.  Dans un premier temps, "prolongement papier"  des Rencontres du "Livre à Dire (1997/2012), elle poursuit, aujourd'hui encore son chemin, se voulant avant tout un espace d'écrits. Au fil des numéros, elle a vu son format, sa couverture, se modifier. Pour se présenter aujourd'hui et depuis sa 20iéme livraison sous un format plus réduit (A5) et une couverture "fixe" avec comme identité visuelle la vignette créée pour la revue par l'ami Yves Barbier.

Les vingt premiers numéros ont été imprimés par l'Imprimerie Spéciale du Soleil Natal dirigée par le poète-éditeur Michel Héroult. La mort subite et prématurée de ce dernier, en septembre, 2012 a laissé la revue orpheline et désemparée. Le tirage du numéro 20 n'ayant été livré que pour moitié, il était impératif de trouver un nouvel imprimeur. La question se posa néanmoins de la cessation de parution.

En février 2013, avec la complicité attentive de Robert Dadillon, l'imprimeur fut trouvé.

Primitivement tournée presque exclusivement vers la poésie contemporaine, la revue s'est, au fil des livraisons, ouverte à la prose (nouvelles, textes courts, textes analytiques) Aujourd'hui un équilibre entre ces divers types d'écriture est recherché lors de l'élaboration de chaque numéro. Par ailleurs A L'Index travaille avec des dessinateurs et l'illustrateurs.

Si la revue se présente sous une forme le plus souvent anthologique, avec des rubriques récurrentes, elle consacre aussi à intervalles réguliers des numéros à un auteur qu'elle choisit. Ces numéros sont dits : "Empreintes". Depuis 2015 la revue publie également (hors abonnement) et à un rythme variable, des ouvrages de poésie en bilingue. La collection s'intitule : "Le Tire-langue". 
 A côté de cette collection, d'autres existent : "Pour mémoire" où nous avons republié en partenariat avec les éditions Levée d'encre en 2015 "La légende du demi-siècle" d'André Laude et en 2016 "Le rêve effacé" et "La Grande Ragale" (2017) récits de l'écrivain voyageur Jean-Claude Bourlès, "Je vous écris du fond des mers"(2018) nouvelles de Jean Chatard et "Quelqu'un d'absent" récit signé François Vigne ainsi que les collections 
"Les Cahiers" où, sous la direction de Jean-Marc Couvé, est paru un "Pour Soupault" en 2014.
"Les Plaquettes" qui, comme son nom l'indique, présente de petits ensembles de poèmes ou de proses auxquelles sont très souvent associés des plasticiens, à un prix modique, entre 10 et 12 € port compris. Avec l'espoir de donner envie de lire des auteurs contemporains.  

Tous ces titres sont vendus hors abonnement.

Ce site est uniquement informatif, il a pour ambition de vous donner envie de découvrir notre travail 

La revue A L'Index et les collections satellites, ne bénéficient d'aucune aide et se diffusent par abonnement ou achat au numéro, Notre seule publicité : le bouche à oreille des lecteurs et la fidélité de ceux qui nous connaissent et nous lisent.



Abonnement à la revue: 2 numéros 28 €

adresse: Revue A L'INDEX
Jean-Claude TARDIF
11, rue de Stade 
76133 Epouville
revue.alindex@free.fr


Format 21X15 - env 172 pages intérieures -
(tirage 120 exemplaires)

prix public 18 € (port compris)





Kamel Bencheikh - Corinne Béoust - Jean-Claude Bourdet - Quentin Blasquez - Irène Clara - Hervé Delabarre - Marie Desmaretz - Abdelkader Djemaï - Mokhtar El Amraoui - Guy Girard - Emmanuel Golfin - Nathalie Heulin - Catherine Jurado - Mascha Kaléko - Michel Lamart - Claire Légat - Alexandra Lemaçon - Hervé Martin - Jean-Claude Martin - Samuel Martin-Boche - Pierre Mironer - Robert Momeux - Jacques Nuñez Teodoro - Gabriel Nwènè Okoundji - Wilfred Owen - André Prodhomme - Dominique Sampièro - Fabien Sanchez - Philippe Simon - Jean-Claude Tardif - François Teyssandier - Laurent Thines - Adrijan Vuksanovic

TABLE DES MATIÈRES

Au doigt & à l’oeil par Jean-Claude Tardif
Pour un & autres poèmes de Mascha Kaléko
traduit de l'allemand par Jean-Marc Couvé
Petits tableaux poétiques en prose par Quentin Blasquez
Quitte ou double  -extraits - par Jacques Nuñez Teodoro
Une Tragédie(texte) de Hervé Delabarre
Le peintre - à Sylvie Basteau - (poème) de Jean-Claude Bourdet 
Lettre à Heyko-Lekoba! de Gabriel Nwènè Okoundji
Nos morts & autres poèmes (poèmes) de Mokhtar El Amraoui
Un après-midi avec Abdelkader Djemaï et autres textes (proses) de Fabien Sanchez
Pierres vivantes (poème) d'Abdelkader Djemaï
A quel Saint se vouer (nouvelle) de Jean-Claude Tardif
Poèmes de Cathy Jurado
Sous la National Gallery (nouvelle) de Pierre Mironer
Les écureuils  d'Atlanta (poème) de Guy Girard
Presque (poèmes en prose) de Jean-Claude Martin
Poésie du Monténégro: Adrijan Vuksanovic
traduit et présenté par Vladimir Claude Fisera
Neuf fragments de la lettre à l'emmuré dans son murmure de Dominique Sampièro
L'éternel adieu -poème- de Claire Légat

JEU DE PAUMES - Petite anthologie portative -
Marie Desmaretz - Laurent Thines - Samuel Martin-Boche - Alexandra Lemaçon - Philippe Simon

Rencontre avec un poète (texte) par Nathalie Heulin
Balbutiements (poème) d'Irène Clara
Formes rassemblées dans le jour (proses aérées) par Hervé Martin
Lettres Marines - poèmes siciliens - d'Emmanuel Golfin
Lille, longtemps après & autres textes par Kamel Bencheikh
L'Enfer (nouvelle) de Michel Lamart
Tous les chiens vivent d'espoir & autres poèmes de Robert Momeux
Poèmes de wilfried Owen
traduit de l'anglais par Philippe Pasquet Radenez
Les Corbeaux (nouvelle) de François Teyssandier
Trois poèmes inédits d'André Prodhomme
La Langue (texte) de Corinne Béoust


Montrés du doigt par Michel Cossec 

La Poésie

La poésie c'est peut-être vouloir garder, conserver, préserver le présent dans sa respiration, son inspir et son expir, son mouvement existentiel, son rythme quotidien. La poésie est dans les rythmes de l'œil, de l'oreille, de la langue, de la peau, du nez. Être poète, c'est se donner corps et esprit à la présence du monde, c'est être possédé par le monde, c'est ouvrir en permanence ses antennes sensibles à l'univers, c'est être humain à part entière; c'est se perdre dans les gens pour se retrouver dans le sens; c'est s'adresser à l'autre, son alter ego, pour lui dire "je suis toi, je suis nous, même si tu ne me comprends pas encore. J'attends de toi aussi ce que je te propose. Même sans toi, je suis toi, par delà toutes les divergences, différences". Être là. C'est aussi con que ça. Ce "ça" dont Freud nous dit qu'il est notre invraisemblable vérité, ce qui en nous reste à révéler.

Jean-Pierre Chérès


À L'INDEX N°40

Collection "Les Plaquettes" : "Je ne suis pas mon mental" de Cathy Ko

Voici le dix-neuvième titre de la Collection "Les Plaquettes"
Format 21X15 - 43 pages intérieures - 
accompagné de trois illustrations d'Emmanuelle Brisset






                         l'école c'est pas la maison
l'école c'est pire que la maison quand tu vis
avec des adultes qui sont restés trop cons




Cathy Ko est professeure des écoles spécialisée à St Martin d'Hères. Elle a mené de nombreux projets poésie avec ses classes et amine deux club de slam dans deux écoles. Elle adore planter des graines de poèmes dans la tête des enfants. Elle a été membre, pendant une dizaine d'années, d'un collectif de slameurs qui organise les soirées slam de Grenoble.
Elle est lauréate du Prix Joël Sadeler 




On en parle
Titre : Je ne suis pas mon mental
Auteur : Cathy KO
Editeur : à l’Index
Année de parution : 2 020

Un livre à la sonorité matinale. Douceur et brin d’amertume ; les matins ne sont pas forcément tous les jours légers même si l’odeur du café et trois corneilles les accompagnent.
On entre avec une maîtresse d’école dans une école. L’école avant les élèves. Le grand silence des couloirs et des salles de classe vides. Tables et chaises bien rangées, affichages présents dont on ignore les chuchotis nocturnes ; tableau prêt à remplir. Portes fermées que l’on déverrouille l’une après l’autre.
Petite promenade avant le rush. On prend tout en regard. Respiration lente : on est encore soi un petit moment, puis on deviendra pro ! Pour le moment, c’est encore le temps à soi. Ce moment où l’on se prépare comme l’athlète avant sa course. Concentration. Observation. Pensées diverses. On pense à l’école, au bâtiment plus ou moins entretenu par la Mairie. On pense aux salaires des différents acteurs de l’école, à leurs différentes tâches : enseigner, animer (garder), nettoyer, cuisiner… On pense à l’Education Nationale, à ses bulletins officiels… au saucissonage de la vie de l’élève, là c’est la classe ; ici c’est le péri scolaire… On rêve d’une école qui serait un peu plus lieu de vie, lieu vivant… Une école qui dirait « Bonjour, les enfants... »

poesiealindex.blogspot.com

Patrick Joquel
www.patrick-joquel.com

Je ne suis pas mon mental
Cathy Ko
illustrations de Emmanuelle Brisset
édité par la revue À L'INDEX
Collection Le Tire-Langue, 2020
12,00 €
Il y a, me semble-t-il dans le titre, une belle ambiguïté. Ou un jeu de sens : "je ne suis pas mon mental", c'est à la fois la marque d'un dédoublement, et le refus de suivre une direction que le mental imposerait.
Notre guide, c'est un trousseau de clés et son usage dans l'aller-retour d'une journée scolaire. Quotidien. Machinal et pesant. Cloisonné. On ouvre des portes et on les referme. On passe de case en case. On est dans un format. L'organisation des lieux est aussi une organisation mentale que l'auteur, "maîtresse d'école", dénonce. Un enfermement liés aux systèmes, tant communiste que capitaliste (c'est elle qui le dit).
Il y a pourtant une porte sans serrure et sans clé. Un portail plutôt, qui ouvre sur un espace de liberté où l'auteur a quotidiennement ou presque rendez-vous avec des corneilles. Et c'est peut-être cela qui permet de vivre le reste et ses contraintes, sans être dupe et en ayant toujours le secret désir de cette liberté qui est celle des oiseaux : l'envol. Et celle aussi qui peut être celle des enfants : l'imaginaire. Dans le respect de l'enfant qui palpite aussi dans chaque adulte.


https://soundcloud.com/agence-reflexions/entretien-avec-cathy-ko

-Cathy KO : Je ne suis pas mon mentaléditions à l'index, collection Les Plaquettes.La lauréate du prix Sadeler 2019 ne chôme pas en ce moment : elle publie deux bouquins coup sur coup, Manuel d'écrivaction poétique pour rebelle en herbe, chez Gros Textes et Je ne suis pas mon mental, éditions à l'index, collection Les Plaquettes. Quelques mots à propos du second : c'est à une déambulation singulière que nous invite l'auteure, le long de tristes couloirs et devant des portes pas toujours très engageantes... On croirait visiter une prison, mais non, c'est une école !...
Marqué du sceau du slam que Cathy Ko affectionne, le long poème que constitue ce livre déroule ses phrases brèves et fortes comme des slogans politiques : Les élèves doivent / toujours apprendre à lever le doigt / toujours apprendre à comprendre qu'il est bien de lever le doigt / toujours apprendre le rang / toujours apprendre à nager avec des ailes et des manuels scolaires plein le dos / parce que / les acheter en double coûte trop cher à la société / communiste et à la société capitaliste. //
« Maîtresse poët-poët » continue de défendre les mômes tout en réglant quelques comptes avec les adultes et la société. Elle poursuit sa marche mentale en réaffirmant ses vraies valeurs : J'écoute le silence entre chaque pensée / entre chaque pensée / un centième de seconde / je suis corneille / je suis élève / je ne suis plus adulte / parfois payé par l'éducation nationale ou par la maison / communale / je suis enfant / enfant observant la corneille / admirant son plumage ténébreux // Saluons au passage les corneilles imaginées par Emmanuelle Brisset pour accompagner graphiquement cet ouvrage : réduites à des silhouettes plus ou moins géométriques, elles ouvrent des yeux ronds comme des rondelles au spectacle du monde...
- Pratique : à commander (12 euros) chez votre libraire ou chez l'éditeur, à cette adresse : Association "Le livre à Dire" 11, rue du stade 76133 Epouville

Collection "Les Plaquettes" : "Léo, arrêts sur images" de Jean-Claude Touzeil

Voici le dix-huitième titre de la Collection "Les Plaquettes"
Format 21X15 - 42 pages intérieures - 
accompagné de six illustrations d'Agnès Rainjonneau 

























Léo, arrêts sur images
Jean-Claude Touzeil
illustrations d'Agnès Rainjonneau
édité par la revue À L'INDEX
Collection Le Tire-Langue, 2020
12,00 €
Avec ce livre, nous feuilletons un album photo. Certaines en prise avec le réel, d'autres imaginées aussi vraies que les vraies. Après "Petits cailloux pour Gita" où Jean-Claude évoquait sa mère, c'est son père cette fois qui est l'objet de cette remontée dans le temps (pas si lointain).
Nous découvrons alors une chronobiologie poétique qui jalonne un siècle, traverse deux guerres et dessine, dans les mots simples et incarnés de Jean-Claude, un portrait, des attitudes, des manières d'être ancrées dans une rurale humanité. On croirait presque le voir, Léo, pédalant avec un sapin comme passager sur son porte-bagage, ou le pied sur la bêche dans le jardin. Un humour de père qui a su garder l'esprit d'enfance et qui a déteint sur le fils.
Vrai de vrai, j'aurais bien été boire un coup avec Léo...


     Jean-Claude TOUZEIL : Léo, arrêts sur images (À l’Index éd., 2020), 46 pages, 12 euros – 11 rue du Stade – 76133 Épouville ou revue.alindex@free.fr

     Le titre de ce livre pourrait paraître énigmatique ou référencé ver l’univers cinématographique. Pourquoi pas puisqu’il s’agit de retrouver dans un flash-back les images d’un père, Léopold, que « le reste du monde appelait Léo ». Des images fortes remontent à la surface d’une mémoire fidèle comme celles des épreuves subies par Léo qui n’en a guère parlé consacrant son temps à des activités créatrices. De nombreux poèmes de Touzeil commencent par « en ce temps-là » comme pour mettre à distance une époque révolue avec des disparitions telles que la pêche sauvage en rivière, la diversité biologique des semences de haricots ou la réparation des sommiers. Si certaines images parleront plus particulièrement aux « baby boomers » ruraux, d’autres sont plus intergénérationnelles car elles concernant des secteurs affectifs comme la tendresse, la mélancolie ou le retour à la nature. Ce livre est remarquablement édité et mérite que l’on s’y attarde. Les courts poèmes de l’auteur sont accompagnés par des illustrations colorées d’Agnès Rainjonneau.   


LE TIRE-LANGUE présente Johannès KÜHN/"Mes Humeurs Vagabondes"

La collection "Le Tire-Langue" a pour vocation de proposer à la lecture, des ouvrages de poésie contemporaine en version bilingue. Les titres précédemment parus, sont "Le pays perdu de ma naissance" du poète kosovar de langue albanaise Ali Podrimja,  "Août 36 Dernier mois dans le ventre de ma mère" du poète turc  Özdemir Ince, "La Ronde des Rêves" de la poétesse italienne Chiara de Luca, "Voix Liminales" de la poétesse Franco-américaine Françoise Canter, "Pour un éloge de l'Impossible" du poète castillan Miguel Casado, "Maine" du poète Robert Nash et "La musique me revient par vagues" de la poétesse américaine Anne Sexton










Ouvrages vendus 17 € (port compris) même coordonnée que la revue A L'INDEX


 

Johannes Kühn, Mes humeurs vagabondesÀ L’INDEX, Collection « Le Tire-langue », 2020, 84 p., 17 €

 

Johannes Kühn est né en 1934 à Bergweiler, dans une famille de mineurs de la Sarre laquelle, deux ans plus tard, s’est établie dans le village d’Hasborn, situé à proximité, où le poète vit toujours. Et ce serait à peu près tout pour la biographie, hormis qu’il est l’un des poètes les plus reconnus d’Allemagne, où il a reçu les très prestigieux prix Lenz (en 2000) et Hölderlin (en 2004), que certains de ses poèmes ont été publiés sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre dans « l’Anthologie bilingue de la poésie allemande. De Dietmar von Aist à Johannes Kühn » dans la » Bibliothèque de La Pléiade », et qu’il a réuni une partie importante de ses poèmes en dialecte Hasborn dans un volume intitulé Em Guguck lauschdre, en 1999. En France, trois livres de poèmes de Johannes Kühn ont déjà été traduits par Joël Vincent, qui est aussi le traducteur des deux nouveaux recueils publiés par Jean-Claude Tardif. Poète et éditeur, Jean-Claude Tardif dirige la revue « À l’Index » depuis les années 2000 (41 numéros parus), ainsi qu’une collection « Le tire-langue » qui publie des ouvrages de poésie en bilingue (Robert Nash, Anne Sexton, et Johannes Kühn). Mes humeurs vagabondes est un choix de poèmes réalisé par le traducteur à partir de l’édition allemande, auquel se rajoutent les trois poèmes offerts à celui-ci par Johannes Kühn lors d’une visite dans la Sarre en mai 2019. Le livre est précédé d’une préface de Irmgard et Benno Rech, un couple d’amis qui accompagne Johannes Kühn depuis des années (depuis la troisième année de lycée en ce qui concerne Benno Rech), et qui a édité la plupart des livres de Johannes Kühn. Il n’y a pas un poème qui ne soit rapporté de ses marches dans la campagne autour du « Schaumberg », point culminant de la Sarre à 570 mètres de hauteur, surplombé d’une tour qui par temps clair permet d’entrevoir une partie des Vosges. Au rythme des heures du jour et au fil des saisons, apparaissent tantôt un village, Hasborn ou Bergweiler, tantôt un arbre du parc ou » l’amitié d’un hêtre » ; ici un geai, un hérisson, un écureuil, là des artisans, un fumeur de cigare, un cheval de bois, lesquels mis bout à bout, comme un haïku dont le sens souvent ne se révèle que par sa proximité avec un récit de voyage (Bashô) ou dans une anthologie avec d’autres haïkus (l’extase du papillonl’extase du thé…), recréent un paysage imaginaire de la Sarre. Si le poète aime à vagabonder dans la campagne, ses humeurs aussi proviennent de ce que la nature lui donne : consolation, réconfort, confiance, tout ce qu’il voit dans la nature lui transmet bonheur et joie, parfois nostalgie et tristesse. Toutefois, il faut savoir que cette disposition est réservée à celui qui ne possède rien et qui habite seul en vagabond dans la nature. Aussi n’est-il pas étrange que Johannes Kühn fasse souvent référence au poète allemand Hölderlin (1770-1843), lorsque celui-ci écrivait que : « Riche en mérites, mais poétiquement toujours, / Sur terre habite l’homme. » Même si la nature que décrit Johannes Kühn est un paysage imaginaire, car non seulement la nature n’a jamais existé à l’état idyllique, mais elle est en voie de disparaître de partout, le lecteur d’aujourd’hui peut reconnaître dans ses poèmes une certaine nature « habitée poétiquement » par l’homme. Le second livre de Johannes Kühn traduit par Joël Vincent et intitulé La Mine ! est également constitué par un choix de poèmes, mais qui contraste fortement avec le premier, car il ne s’agit plus de marches vagabondes dans la campagne, mais de la geste et du travail des mineurs dans les puits de charbon. Rappelons que le bassin de la Sarre était une région de production minière et industrielle, et que le traité de paix signé à Versailles le 28 juin 1919 prévoyait que celle-ci devait contribuer au paiement des réparations en nature dues par l'Allemagne à la France. Le Bassin de la Sarre, bien que relevant toujours juridiquement de la souveraineté allemande, fut placé entre 1920 et 1935 sous le mandat de la Société des Nations, et son administration fut confiée à la France. C'est seulement par les Accords de Luxembourg, signés le 27 octobre 1956, que le rattachement politique de la Sarre à l'Allemagne de l'Ouest fut entériné, permettant ainsi de mettre fin à un vieux contentieux au sein des relations franco-allemandes. Cette dimension historique n’est pas véritablement incarnée dans le recueil de Johannes Kühn, mais elle explique les conditions et les réalités de vie des habitants de la Sarre que le poète a perçues et transcrites dans le réalisme de sa poésie. Ainsi porte-t-il une attention particulière aux outils : « La Pelle » ou « Le Burin » du mineur. Il décrit comme un progrès l’invention de « La Machine à découper », et vante « Le Rouleau compresseur », grâce auquel « nos routes ressemblent à des surfaces vitrées. / Et j’en suis fier », ajoute-t-il. Surtout il se montre sensible aux conditions de travail, celles des femmes qui portaient les seaux de charbon et se chargeaient du travail des champs : « Mère avait le travail posté le plus long de nous tous » (en plus d’avoir accouché de huit enfants dont Johannes était l’aîné). Il faut comprendre ce qu’était le « travail posté » et le taux d’emploi élevé des femmes et des jeunes enfants dans les mines. Quelle que soit la solidarité, ou la nostalgie, que Johannes Kühn entretient avec l’ancien monde des mineurs, il se réjouit de sa disparition progressive : « Il y a encore des mineurs, mais peu / qui descendent dans les galeries toutes noires de la mine. » La fin du charbon signifie la fin d’un certain monde, mais aussi le début d’un autre monde où le paysage imaginaire de Johannes Kühn, avec le vent, la nature et les arbres, prend tout son éclat.

 en ligne par Gilles Jallet sur Sitaudi