mardi 14 juillet 2020

Collection "Les Plaquettes" : "Je ne suis pas mon mental" de Cathy Ko

Voici le dix-neuvième titre de la Collection "Les Plaquettes"
Format 21X15 - 43 pages intérieures - 
accompagné de trois illustrations d'Emmanuelle Brisset






                         l'école c'est pas la maison
l'école c'est pire que la maison quand tu vis
avec des adultes qui sont restés trop cons




Cathy Ko est professeure des écoles spécialisée à St Martin d'Hères. Elle a mené de nombreux projets poésie avec ses classes et amine deux club de slam dans deux écoles. Elle adore planter des graines de poèmes dans la tête des enfants. Elle a été membre, pendant une dizaine d'années, d'un collectif de slameurs qui organise les soirées slam de Grenoble.
Elle est lauréate du Prix Joël Sadeler 




On en parle
Titre : Je ne suis pas mon mental
Auteur : Cathy KO
Editeur : à l’Index
Année de parution : 2 020

Un livre à la sonorité matinale. Douceur et brin d’amertume ; les matins ne sont pas forcément tous les jours légers même si l’odeur du café et trois corneilles les accompagnent.
On entre avec une maîtresse d’école dans une école. L’école avant les élèves. Le grand silence des couloirs et des salles de classe vides. Tables et chaises bien rangées, affichages présents dont on ignore les chuchotis nocturnes ; tableau prêt à remplir. Portes fermées que l’on déverrouille l’une après l’autre.
Petite promenade avant le rush. On prend tout en regard. Respiration lente : on est encore soi un petit moment, puis on deviendra pro ! Pour le moment, c’est encore le temps à soi. Ce moment où l’on se prépare comme l’athlète avant sa course. Concentration. Observation. Pensées diverses. On pense à l’école, au bâtiment plus ou moins entretenu par la Mairie. On pense aux salaires des différents acteurs de l’école, à leurs différentes tâches : enseigner, animer (garder), nettoyer, cuisiner… On pense à l’Education Nationale, à ses bulletins officiels… au saucissonage de la vie de l’élève, là c’est la classe ; ici c’est le péri scolaire… On rêve d’une école qui serait un peu plus lieu de vie, lieu vivant… Une école qui dirait « Bonjour, les enfants... »

poesiealindex.blogspot.com

Patrick Joquel
www.patrick-joquel.com

Je ne suis pas mon mental
Cathy Ko
illustrations de Emmanuelle Brisset
édité par la revue À L'INDEX
Collection Le Tire-Langue, 2020
12,00 €
Il y a, me semble-t-il dans le titre, une belle ambiguïté. Ou un jeu de sens : "je ne suis pas mon mental", c'est à la fois la marque d'un dédoublement, et le refus de suivre une direction que le mental imposerait.
Notre guide, c'est un trousseau de clés et son usage dans l'aller-retour d'une journée scolaire. Quotidien. Machinal et pesant. Cloisonné. On ouvre des portes et on les referme. On passe de case en case. On est dans un format. L'organisation des lieux est aussi une organisation mentale que l'auteur, "maîtresse d'école", dénonce. Un enfermement liés aux systèmes, tant communiste que capitaliste (c'est elle qui le dit).
Il y a pourtant une porte sans serrure et sans clé. Un portail plutôt, qui ouvre sur un espace de liberté où l'auteur a quotidiennement ou presque rendez-vous avec des corneilles. Et c'est peut-être cela qui permet de vivre le reste et ses contraintes, sans être dupe et en ayant toujours le secret désir de cette liberté qui est celle des oiseaux : l'envol. Et celle aussi qui peut être celle des enfants : l'imaginaire. Dans le respect de l'enfant qui palpite aussi dans chaque adulte.


https://soundcloud.com/agence-reflexions/entretien-avec-cathy-ko

-Cathy KO : Je ne suis pas mon mentaléditions à l'index, collection Les Plaquettes.La lauréate du prix Sadeler 2019 ne chôme pas en ce moment : elle publie deux bouquins coup sur coup, Manuel d'écrivaction poétique pour rebelle en herbe, chez Gros Textes et Je ne suis pas mon mental, éditions à l'index, collection Les Plaquettes. Quelques mots à propos du second : c'est à une déambulation singulière que nous invite l'auteure, le long de tristes couloirs et devant des portes pas toujours très engageantes... On croirait visiter une prison, mais non, c'est une école !...
Marqué du sceau du slam que Cathy Ko affectionne, le long poème que constitue ce livre déroule ses phrases brèves et fortes comme des slogans politiques : Les élèves doivent / toujours apprendre à lever le doigt / toujours apprendre à comprendre qu'il est bien de lever le doigt / toujours apprendre le rang / toujours apprendre à nager avec des ailes et des manuels scolaires plein le dos / parce que / les acheter en double coûte trop cher à la société / communiste et à la société capitaliste. //
« Maîtresse poët-poët » continue de défendre les mômes tout en réglant quelques comptes avec les adultes et la société. Elle poursuit sa marche mentale en réaffirmant ses vraies valeurs : J'écoute le silence entre chaque pensée / entre chaque pensée / un centième de seconde / je suis corneille / je suis élève / je ne suis plus adulte / parfois payé par l'éducation nationale ou par la maison / communale / je suis enfant / enfant observant la corneille / admirant son plumage ténébreux // Saluons au passage les corneilles imaginées par Emmanuelle Brisset pour accompagner graphiquement cet ouvrage : réduites à des silhouettes plus ou moins géométriques, elles ouvrent des yeux ronds comme des rondelles au spectacle du monde...
- Pratique : à commander (12 euros) chez votre libraire ou chez l'éditeur, à cette adresse : Association "Le livre à Dire" 11, rue du stade 76133 Epouville

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